Jamais content

J’avoue, c’est tout moi. Carrément méfiant, jamais content. Comme les scouts, je suis toujours prêt. Prêt à soupçonner le pouvoir en place de manipuler l’information et à défaut de la récupérer à son profit. Alors quand le ministre de l’Intérieur, dans son style inimitable de bafouillage qui semble inhérent à la fonction depuis Gaston Deferre, évoque le crime d’un « déséquilibré » pour qualifier le double meurtre survenu hier à Trappes, je devrais être satisfait de voir qu’il ne se précipite pas tête baissée sur la piste terroriste que tout semble indiquer.

Voilà un gars, pardon, un individu, qui a déjà fait l’objet d’une fiche « S » pour apologie du terrorisme, qui a crié « Allah est grand » (en VO, hein !) tout en brandissant un couteau de cuisine pour attirer l’attention des policiers et être sûr de se faire abattre. Dont le geste meurtrier a été revendiqué par l’organisation état islamique, qui justement, vient de renouveler son appel à commettre des attentats en utilisant « les moyens du bord ». Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? Que la police explore toutes les hypothèses et suive toutes les pistes me parait de sage politique et témoigner d’une conscience professionnelle dans la nécessaire recherche de la vérité. De là à écarter d’emblée et définitivement la possibilité d’une motivation idéologique me semble tomber d’un excès dans l’autre. Avec mon mauvais esprit coutumier, je me demande instantanément quel bénéfice le ministre, ou son supérieur ultime puisqu’il n’est jamais que la voix de son maître, escompte tirer de cette minimisation.

Les attentats terroristes, c’est très bien, c’est même très positif quand on peut se vanter d’en avoir fait échouer. À défaut, cela peut encore servir à cimenter l’opinion publique autour de soi, ou à prouver l’excellence et le dévouement des forces de sécurité, dont l’image peut être écornée par certaines bavures regrettables. Alors quoi ? Ce terroriste n’est pas assez présentable ? Il serait en proie à des problèmes psychologiques. Et alors ? Qui peut se vanter de n’avoir aucune difficulté de cet ordre ? Et notamment, adhérer à une idéologie meurtrière telle que la préconise Daech n’est-il pas déjà un signe de santé mentale déficiente ? Ses victimes n’étaient autres que sa mère et sa sœur, mais on ignore tout de ses motivations. Je ne sais pas ce qu’il y a dans la tête de Gérard Collomb, peut-être rien, d’ailleurs, mais ses déclarations me rappellent la position d’un certain Donald Trump à propos des fusillades meurtrières qui font régulièrement des ravages sur les campus américains. Pour éviter d’accuser la politique de surarmement de ses concitoyens et s’en prendre au lobby des armes qui l’a soutenu dans son élection, il préfère évoquer la folie qui frapperait les auteurs de ces crimes et en faire un argument pour l’autodéfense.

Commentaires  

#1 jacotte 86 24-08-2018 11:52
qui veut tuer son chien l'accuse de la rage !!!
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