Supplique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 14 août 2018 10:29
- Écrit par Claude Séné
Paraphrasant notre Brassens national, je voudrais adresser à qui de droit cette supplique pour ne pas être enterrés sur la plage de Sète, au nom de tous les malheureux qui tentent d’échapper à leur sort funeste en traversant la Méditerranée dans l’indifférence des responsables de cet état de fait. Deux mois après avoir secouru 630 migrants au large de l’Italie pour finalement ne trouver de port d’accueil qu’à Valence en Espagne, l’Aquarius récidive avec 141 rescapés à bord, dont l’Italie ne veut toujours pas, pas plus que Malte. Cette fois, le port de Sète s’est porté volontaire pour les accueillir.
Encore faut-il que le gouvernement français, c’est-à-dire le président Macron qui décide de tout, daigne accorder son autorisation, du fond du fort de Brégançon où il passe des vacances studieuses. Et c’est là que le bât blesse. Faute de pouvoir régler la crise humanitaire à l’origine de ces mouvements de population, la France se retranche derrière les règlements internationaux qui imposent que les bateaux recueillant des réfugiés débarquent dans le port « sûr » le plus proche de leur position. Encore faut-il que les pays d’accueil acceptent de jouer le jeu, ce qui n’est manifestement plus le cas en Italie depuis l’arrivée de l’extrême droite dans la coalition gouvernementale. Au lieu de prendre acte du refus italien, sur lequel la France n’a aucun moyen de pression, Emmanuel Macron prend argument de cet état de fait pour se laver les mains de cette situation et cherche à tout prix à se débarrasser du problème en le diluant dans un consensus européen pour l’instant introuvable. Sans le dire, il cède aux injonctions de Marine Le Pen, de Robert Ménard ou de Nicolas Dupont-Aignan, ainsi qu’aux tenants de la droite classique qui crient au loup depuis toujours.
Malheur à celui par qui le scandale arrive ! Et si l’on pouvait dissuader les organisations non gouvernementales, telles que SOS Méditerranée qui affrète l’Aquarius, de recueillir les réfugiés, pour qu’ils aillent se noyer ailleurs ? On a déjà tenté de remettre l’affaire entre les mains des gardes-côtes libyens, dont le sens bien connu de l’humanité et la générosité est en passe de devenir proverbial. Voici maintenant que le gouvernement de Gibraltar, en toute indépendance, naturellement, envisage de retirer son pavillon au navire humanitaire, au prétexte qu’il était enregistré à l’origine comme navire de recherche. On sait depuis la nuit des temps que les porteurs de mauvaises nouvelles sont les premiers à être victimes de représailles et que le rôle de Cassandre n’est jamais bon à tenir. Emmanuel Macron cherche visiblement à gagner du temps en prétendant vouloir agir vite. Suffisamment pour discréditer le messager ?