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Oxymore
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 août 2018 10:33
- Écrit par Claude Séné
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Cette figure de rhétorique consiste à réunir deux termes qui semblent antinomiques. On cite souvent en exemple le vers de Corneille : « cette obscure clarté qui tombe des étoiles » ou le « soleil noir » de Nerval, repris jusqu’à plus soif jusques et y compris dans une chanson de Barbara. Il faudra peut-être y ajouter désormais l’expression : « ministre de l’Environnement », ou dans le cas spécifique de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique. Car celui qui fut un remarquable lanceur d’alertes en étant indépendant des pouvoirs politiques semble découvrir l’inanité de ses efforts en faisant partie d’un gouvernement.
Après avoir échoué à imposer des mesures drastiques sur l’utilisation du glyphosate, reconduit pour 3 ans en France malgré les engagements du candidat Macron, auxquels Nicolas Hulot continue de faire semblant de croire contre toute vraisemblance, il se réjouit bruyamment du jugement survenu aux États-Unis en faveur de ce jardinier, victime d’un cancer provoqué par l’épandage des produits de Monsanto. Cette décision de justice serait « providentielle ». Une autre façon de dire qu’à moins d’un miracle, il ne sera pas plus entendu dans trois ans qu’il ne l’a été jusqu’ici. Il a beau jeu de fustiger « l’indifférence des politiques » en oubliant qu’il s’est mis, de fait, dans la position d’être un de ceux qu’il dénonce. Il laisse entendre que sa démission aurait été dans la balance si le président avait tranché en faveur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais rien ne vient corroborer cette affirmation dans un dossier où il a été d’une éclatante discrétion, pour illustrer à nouveau la notion d’oxymore.
Et le voilà qui se lance dans une médiocre polémique avec une ancienne gloire, dont l’influence est désormais proche de l’abime, plus connue pour ses prises de position réactionnaires que pour la défense de la cause animale dans laquelle elle s’est illustrée dans le passé. Brigitte Bardot et Nicolas Hulot se sont traités mutuellement de « lâche » et de « trouillard » dans un débat de cour de récréation, dont ils ont cru bon de faire partager les détails à un public indifférent par le biais de médias en panne d’actualités. Après tout, l’un comme l’autre aura eu l’adversaire qu’il mérite, et qu’il se sera choisi. L’occasion pour moi de revenir sur l’étymologie du mot « oxymore », qui est formé de deux racines grecques. La première, oxous, désigne quelqu’un de spirituel, fin, affûté, tandis que la seconde, môros, se rapporte à un personnage niais, stupide. Peut-être faut-il se montrer en effet à la fois intelligent et sot pour exercer une fonction essentiellement contradictoire par nature. On attendait un Don Quichotte qui se battrait pour des moulins à vent modernes, les éoliennes, et l’on doit se contenter d’un Sancho Panza, terre à terre et timoré.
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