La main de Dieu

C’est sous ce nom évocateur que l’histoire retiendra le but marqué de la main par Diego Maradonna, dieu vivant du football en Argentine, comme Pelé au Brésil, qui permit à son pays de battre l’Angleterre et ainsi de continuer sa route vers le titre mondial en 1986. Il est aujourd’hui admis que la junte militaire alors au pouvoir avait exercé les plus vives pressions pour éviter toute « erreur » d’arbitrage et notamment permettre à l’Argentine de prendre sa revanche sur la défaite militaire aux Malouines, infligée quatre ans plus tôt par la marine anglaise.

Faut-il voir la main de Dieu dans le résultat du vote sur la légalisation de l’IVG au Sénat argentin, qui s’est traduit par une courte défaite des féministes ? Peut-être bien, si l’on tient compte du fait que l’Église catholique, par la voix de Jorge Mario Bergoglio, plus connu sous le nom de pape François, a pesé de tout son poids dans les débats, pour éviter qu’après l’Irlande un nouveau pays bascule dans le camp du progressisme, au risque de créer un effet domino sur toute l’Amérique latine. La position de l’église sur la question est bien connue et n’est pas nouvelle. Ce qui l’est, c’est que le pape se permette d’intervenir directement dans le débat. Au lieu de laisser les fidèles à leur liberté de conscience, il a adressé une lettre aux catholiques argentins pour condamner l’avortement. Ce pape n’hésite pas à comparer la légalisation de l’IVG avec l’eugénisme des nazis et il fustige une « culture du déchet » où l’homme supprime ce qui le gêne dans la nature. Seule concession à une apparence de modernité, le pardon et la miséricorde accordés aux femmes ayant fauté en avortant.

Difficile pourtant d’imaginer que ce Dieu, s’il existait, se satisfasse des centaines de décès dus aux 450 000 avortements clandestins, pratiqués annuellement en Argentine comme ailleurs. Le respect de la vie ne fonctionne, comme d’habitude, que dans un seul sens, de même que les partisans de la peine de mort condamnent ceux qui ôtent la vie tout en la pratiquant eux-mêmes. Une chose est sûre, le texte présenté au vote du Sénat et approuvé par l’Assemblée est le septième allant dans ce sens, et l’Église ne pourra mener que des combats d’arrière-garde. Tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux, les femmes argentines obtiendront ce droit fondamental, que cela plaise ou non aux conservateurs de tous poils. Ce n’est pas anodin que ce texte ait été présenté sous la présidence de Mauricio Macri, personnellement hostile à la légalisation, mais qui n’a pas pu ignorer le mouvement de fond qui traverse le pays. L’opinion est déjà majoritairement acquise à la dépénalisation, il reste à la traduire dans la loi.

Commentaires  

#1 jacotte 86 10-08-2018 11:31
dieu vous entende mon fils
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