Canada dry
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 31 octobre 2017 09:17
- Écrit par Claude Séné
La réforme de l’accession à l’université a la couleur de la sélection, le goût de la sélection, l’idée de la sélection, mais ce n’est pas de la sélection. Voilà en substance comment le gouvernement essaie de vendre les mesures envisagées en 2018 pour l’accès à l’enseignement supérieur. La faillite du système APB, admission post bac, a forcé l’exécutif à envisager de nouvelles dispositions, le statu quo étant manifestement impossible. Après avoir tergiversé et louvoyé pendant des mois, il a bien fallu se résoudre à admettre que le logiciel avait laissé sur le carreau plus de 3 000 candidats.
Le Premier ministre, tout comme la ministre de l’Enseignement supérieur, a pris grand soin de nommer la sélection, qu’il va instituer de fait, pour la rejeter. Ils savent bien que parler de sélection aux étudiants revient à agiter un chiffon rouge devant un taureau de combat : il charge, sans se poser de questions. Pour en parler, sans en parler, tout en en parlant, il faut donc accabler l’ancien système, le charger de tous les maux et lui assigner l’étiquette taboue en le qualifiant de « double sélection, par tirage au sort et par l’échec ». En premier lieu, il faut saluer l’abandon du fameux tirage au sort dans les filières saturées. Donc, on en déduit qu’il y aura des places supplémentaires en psycho, en sport ou en médecine ? Pas du tout ! où allez-vous chercher des idées aussi farfelues ? Le futur étudiant pourra postuler pour la discipline qu’il voudra, mais l’université se réservera le droit de lui demander une mise à niveau, avant de l’admettre, ce qui pourra prendre une année complète. Quant au cursus universitaire, rien de changé, on écrèmera massivement les deux premières années puis un peu moins pour satisfaire grosso modo aux débouchés existants. Le tout sera habillé de jolis mots : les attendus de l’université remplaceront les prérequis trop connotés, et l’on mettra en avant le souci de la réussite des étudiants.
L’accueil des organisations représentatives des étudiants est un peu frais, mais le véritable test reste à venir, et nul ne sait quand ni comment il interviendra. Au moment où une figure emblématique de Mai 1968, Jacques Sauvageot, disparait, il n’est pas inutile de rappeler que les « évènements » ont été déclenchés en dehors des organisations traditionnelles, sans que quiconque les ait pressentis. Et c’est bien ce qui explique que le pouvoir actuel, comme les précédents, avance avec moult précautions sur ce sujet, mais qu’il peut être pris de court à tout moment par un mouvement spontané. Ce que les salariés et les retraités visés par les réformes du Code du travail n’ont pas su empêcher, la jeunesse étudiante peut l’emporter sur son passage.