Mangez la banane par les deux bouts !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 1 novembre 2017 09:25
- Écrit par Claude Séné
Les hypermarchés Leclerc auraient pu reprendre à leur compte ce vieux slogan des années 80, destiné à « booster » les ventes d’un fruit à l’époque en perte de vitesse, au grand dam des producteurs antillais. D’ailleurs, on peut trouver sur leur site une défense et illustration de ce met délicieux, spécialement quand il est issu de l’agriculture biologique. Pas un mot en revanche sur le licenciement pour faute grave d’un de leurs employés en fin 2016, accusé d’avoir mangé une de leurs précieuses bananes dans l’entrepôt du magasin de Trélissac en Dordogne.
Ce criminel endurci comparaissait lundi dernier devant le tribunal des Prud’hommes, car il a eu le culot de contester sa mise à pied. J’ai retrouvé par le plus grand des hasards et grâce à mon ami gogol, une promotion datant de la période en question. La banane « Cavendish » y était proposée à prix Leclerc à 0,79 € le kilo au lieu de 1,80 € en moyenne, le 23 novembre 2016. Sachant que dans un kilo de bananes Cavendish de Colombie, on compte environ 6 fruits, cela nous fait la banane à 13 centimes à tout péter, prix de détail. Ajoutons à cela que le taux de marge sur les produits alimentaires est compris entre 13 et 27 % dans la grande distribution, on peut encore retirer 1 à 3 centimes sur la valeur de la banane. Ce qui veut dire que le larcin reproché à l’employé « indélicat » est un préjudice de l’ordre d’une dizaine de centimes. Sans oublier que les fruits et légumes sont des denrées hautement périssables et que la banane aurait pu finir dans les poubelles au bout d’un certain temps, ou être distribuée gratuitement à une association caritative comme une loi intelligente en fait maintenant obligation.
Pour compléter le tableau, il faut savoir que l’employé incriminé donnait jusque-là toute satisfaction à la direction et qu’il n’avait fait l’objet d’aucune procédure préalable. De plus, il affirme qu’il est sujet à l’hypoglycémie, et que c’est pour cette raison qu’il aurait mangé cette banane. Foin de toute justification, l’avocate du groupe Leclerc explique que c’est une question de principe, qui vole un œuf vole un bœuf, vous connaissez la chanson. En 2016, les centres Leclerc ont généré un chiffre d’affaires de 43,4 milliards d’euros, auquel il faut ajouter naturellement les 10 centimes symboliques dérobés scandaleusement à Trélissac. Pour ce qui me concerne, ma religion est faite, et j’espère que le tribunal prudhommal, dont le jugement est en délibéré jusqu’en décembre prendra la décision de bon sens qui semble s’imposer. À cette occasion, on comprend pourquoi le Medef a tellement insisté pour plafonner les indemnités pour licenciement abusif.
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