Mode, ton univers impitoyable
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 octobre 2017 10:38
- Écrit par Claude Séné
Vlada Dziouba avait 14 ans. Elle était d’origine russe, et travaillait comme mannequin pour une agence chinoise de Shanghai. Elle est morte d’épuisement, quelques jours après avoir participé à la semaine de la mode, des suites d’une méningite. Sa mort pose évidemment un certain nombre de questions, parmi lesquelles on peut écarter d’emblée celle de la fatalité. L’agence chinoise qui l’employait aura beau « regretter d’avoir perdu un ange » selon ses déclarations sur le réseau social Weibo, elle aura du mal à faire croire à son innocence totale dans cette malheureuse affaire.
La jeune fille aurait travaillé 13 heures d’affilée alors qu’elle était malade, une information démentie par l’agence qui assure qu’elle ne faisait « que » 8 heures, en application de la réglementation chinoise, et que des temps de pause étaient respectés. Il est permis d’en douter. Son contrat de travail ne prévoyait d’ailleurs que 3 heures de travail par semaine et elle aurait dû bénéficier d’une assurance santé, ce qui n’a pas été le cas. Ce décès relance la polémique sur le travail des enfants en Chine, ainsi que sur la maladie récurrente des mannequins, victimes pour la plupart d’anorexie, pour satisfaire aux canons des créateurs, exigeant des corps décharnés et des tailles ridiculement petites. La jeune modèle était de surcroit exploitée financièrement, puisqu’elle ne touchait que 7 euros par jour pour ce travail épuisant.
Comme on peut l’imaginer, le milieu de la mode n’est pas à l’abri des agissements des prédateurs sexuels, dénoncés dans d’autres sphères en ce moment. L’an dernier, un agent de mannequins, également photographe de mode, a été mis en examen pour des abus sexuels sur 7 de ses modèles, dont 5 mineures, l’une n’ayant que 14 ans. Ce fléau n’épargne aucun pays, les faits se sont déroulés à Paris. Et c’est en Italie, en avril de cette année que l’on a retrouvé le corps d’une femme de 27 ans, d’origine russe, dans une valise jetée à la mer. Elle était mannequin et souffrait d’anorexie. Elle est morte d’inanition et c’est sa propre mère, désemparée, qui l’a jetée au large de Rimini, avant de rentrer au pays. Il y a bien eu quelques tentatives pour essayer de lutter contre la maigreur excessive des mannequins, et par contrecoup, celle des très jeunes filles qui s’identifient à ces modèles. On a même envisagé en France de calculer l’indice de masse corporelle pour autoriser les mannequins à défiler, et de créer un délit d’incitation à la maigreur pour sanctionner les photos retouchées à l’aide de Photoshop. Finalement, il faudra se contenter de la mention « photographie retouchée », d’une efficacité proche de zéro. Trop d’intérêts économiques en jeu ?