Guerre des gangs

Un enfant de 5 ans a été victime de coups de feu lors d’une course poursuite dans la périphérie de Rennes et se trouve dans une situation inquiétante au moment où j’écris ces lignes, son pronostic vital étant engagé puisqu’il a été atteint à deux reprises à la tête. Il semble que le père, qui conduisait le véhicule où se trouvait l’enfant tentait d’échapper à une bande rivale qui le suivait dans le but évident de le tuer, pour prendre le contrôle du trafic de drogue local, que l’on sait très lucratif et donc âprement disputé. Cet épisode n’est pas le premier après notamment le décès d’un enfant de 10 ans dans le quartier Pissevin à Nîmes en 2023.

La véritable guerre à laquelle se livrent les trafiquants pour le contrôle des points de deal est devenue monnaie courante, au point qu’il est inévitable que des innocents, étrangers au trafic, tombent sous les coups des véritables fusillades qui secouent les quartiers concernés. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a évidemment cherché à démontrer la fermeté de l’état, visiblement défaillant, en annonçant l’envoi d’une compagnie républicaine de sécurité spécialisée dans le maintien de l’ordre, la lutte contre les violences urbaines et le démantèlement des points de deal. Il s’agit de la CRS 82, basée près de Nantes, et qui a déjà fort à faire pour s’occuper des quartiers difficiles de l’agglomération. Le travail qui leur est demandé consiste à « harceler » les trafiquants notoires en traquant les petites mains et en essayant de les dissuader de revenir. En pure perte, naturellement. Il lui faut se contenter de petites victoires, de saisies limitées. Les points de deal déménagent et se reconstituent au fur et à mesure qu’ils ont été démantelés. C’est, au choix, le jeu du chat et de la souris, le mythe de Sisyphe contraint de remonter un rocher au sommet d’une montagne dont il redescendra inexorablement, ou celui du tonneau des Danaïdes qu’il faudrait remplir alors qu’il se vide au fur et à mesure.

Il s’agit principalement, comme vous l’aurez compris, d’afficher sa détermination, comme l’a fait le président Macron lui-même en menant des actions spectaculaires, mais sans lendemain dans quelques quartiers sensibles. Aucune chance de se débarrasser durablement du trafic de cette manière, si tant est que ce soit vraiment l’objectif des dirigeants. Il faudrait taper au porte-monnaie en coupant les routes internationales du trafic, dès leur source si possible, pour tarir et assécher le marché. La 2e action serait de surveiller et dissuader le plus précocement possible les jeunes de participer à une activité très lucrative. Or les nouvelles CRS rompues à ce travail de terrain sont trop peu nombreuses et l’on peut les détourner facilement de leur mission, ici pour colmater les brèches à Rennes, ou précédemment pour renforcer les effectifs à Nouméa. Il y faut une volonté politique claire et constante.