Débordé !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 14 octobre 2024 10:13
- Écrit par Claude Séné
Si les Guignols de l’info n’avaient pas disparu corps et bien depuis 2018, grâce à la haine tenace que leur vouait Vincent Bolloré qui n’a eu de cesse de les éradiquer du paysage audiovisuel français, ils auraient pu faire une réédition de l’agenda secret de Jacques Chirac publié en 1993, en remplaçant le nom de l’ancien chef d’État par celui de l’actuel président de la République. Comme son prédécesseur, Emmanuel Macron s’est tiré une balle dans le pied en dissolvant sans nécessité l’Assemblée nationale et en se mettant tout seul dans une situation impossible, entraînant les Français avec lui.
Sur l’agenda de Jacques Chirac, revu et corrigé par les satiristes de Canal plus, chaque journée était barrée d’un « débordé ! » péremptoire pour masquer la vacuité de l’emploi du temps d’un président empêché. Depuis qu’il a donné les clés du camion à Michel Barnier, Macron est supposé ne plus s’occuper de gérer la France, du moins officiellement, et il n’a cependant pas trouvé le temps de participer hier à l’hommage national rendu à Arras à Dominique Bernard, un an après son assassinat par un terroriste, pas plus qu’il ne semble prévu qu’il fasse un geste à la mémoire de Samuel Paty. Il laissera ce soin à Michel Barnier, vieux routier de la politique, qui ne manquera pas l’occasion de se mettre en valeur à peu de frais, tout comme Bruno Retailleau, présent dimanche à la cérémonie d’Arras. C’est que Mr Macron se considère probablement en situation de cohabitation de fait, et qu’il laisse donc son Premier ministre aller « au charbon » et bourrer le foyer de la locomotive en se tapant le sale boulot, pendant qu’il parade en première classe et qu’il se met en scène à l’international, qu’il considère comme son domaine réservé.
Le petit problème, c’est qu’Emmanuel Macron semble le seul à penser qu’on l’attend pour régler les conflits en cours sur la planète. Il n’a pas forcément tort de penser que le seul moyen d’arrêter l’offensive et les représailles du Premier ministre israélien consiste à tarir l’approvisionnement en armes et en munitions pour obliger Israël à s’assoir à la table de négociations, mais la décision relève exclusivement des États-Unis, et la parole de la France est pratiquement inaudible dans le contexte actuel. De la même façon, le président français n’est pas en mesure d’exiger quoi que ce soit des belligérants, que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient. Qu’il se contente donc d’offrir nos services pour faciliter des pourparlers éventuels si cela flatte son égo, mais que son orgueil démesuré ne l’aveugle pas au point de croire qu’il peut imposer sa loi à la manière de l’éléphant dans un magasin de porcelaine. Il n’en a ni le talent ni la carrure.
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