Les charognards
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 26 septembre 2024 10:55
- Écrit par Claude Séné
On se demandait où ils étaient passés. Il aura suffi d’un fait-divers, atroce il est vrai, pour les voir envahir les plateaux télévisés d’information continue, parfois reçus par des congénères aussi avides de sensationnel qu’eux, comme notamment un Pascal Praud, véritable prototype de la notion de récupération démagogique. On a donc retrouvé un Nicolas Dupont-Aignan, que l’on croyait disparu corps et biens, ou un Robert Ménard plus discret que naguère depuis un certain temps, pour commenter, ou plutôt déverser leur fiel sur la tragique affaire où une jeune fille de 19 ans a été agressée sexuellement et a été tuée à Paris.
Cette histoire déjà sordide a pris une nouvelle dimension lorsque la police a découvert que le principal suspect était un étranger de nationalité marocaine, qui venait de purger une condamnation pour viol, et se trouvait sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, en attente d’une acceptation du Maroc permettant son retour, qui arrivera finalement trop tard. Les xénophobes de tout poil, qui me pardonneront de ne pas les citer tous, ont alors eu beau jeu de dénoncer un supposé laxisme de la Justice, au nom d’un raisonnement imparable selon lequel l’étranger en question n’aurait pas pu matériellement s’en prendre à Philippine, s’il était retourné dans son pays d’origine. C’est effectivement une évidence. Une vie française aurait ainsi été épargnée. Ce jeune homme, qui s’est avéré très dangereux, s’en serait-il pris à une autre jeune fille au Maroc ? C’est très probable. Les apôtres du « chacun chez soi et les vaches seront bien gardées » peuvent-ils s’en satisfaire ? J’ose espérer que non.
Dans les débats interminables sur le fonctionnement de notre justice, il y a une absence presque totale, et c’est la prévention de la récidive. Beaucoup de spécialistes autoproclamés mettent l’accent sur la nécessité de séparer les criminels de la population, en construisant toujours plus de prisons afin d’y admettre les courtes peines et allonger indéfiniment le temps de détention, en oubliant qu’une telle politique, pratiquée aux États-Unis notamment, n’a pas fait baisser la délinquance. Il faut bien un jour laisser sortir la majorité des détenus et le problème reste entier, si rien n’a été fait pour que les criminels s’amendent entre temps. L’autre volet d’une politique pénale conséquente serait dans l’aspect dissuasif des peines, mais on sait bien que la peur du gendarme, si elle peut jouer un rôle dans les délits mineurs, et pour des citoyens possédant une conscience morale minimale, ne suffit pas à compenser l’attractivité exercée par l’appât du gain notamment dans une société régie par les aspects financiers. La période d’instabilité politique actuelle est évidemment plus propice aux simplifications de nouveaux Ponce Pilate cherchant à tirer profit de l’émotion légitime de la population plutôt que la recherche de solutions pérennes.