C’était pas la peine

Alors voilà ! je tourne le dos 5 minutes, enfin une semaine en unité de temps d’Emmanuel Macron, qui fait ce qu’il veut, quand il veut, jouant avec les nerfs des Français, et crac ! la montagne accouche de sa souris avec une liste de noms de ministres inconnus pour la plupart, mais ça, c’est devenu la règle, et qui penche furieusement du côté où ce gouvernement va tomber tôt ou tard, la droite, voire l’extrême droite. Comme tout le monde l’a observé, si l’on ne prend pas exactement les mêmes pour recommencer, on se retrouve cependant avec des personnalités équivalentes, interchangeables, dont le destin est de finir dans l’oubli, miséricordieux pour certains.

Car, comme le dit Tancrède dans « le Guépard », il faut que tout change pour que rien ne change. Le président de la République, par ses vétos imposés au Premier ministre, a largement contribué à constituer un gouvernement où ses partisans gardent une influence bien supérieure à leur poids électoral réel. Et que dire de la surreprésentation du parti Les républicains qui a pourtant lourdement perdu les dernières élections ? On se retrouve donc avec un gouvernement très similaire et aussi peu représentatif de la volonté populaire qu’au lendemain des législatives de 2019, avec une majorité très relative soutenant la Première ministre, obligée de tordre le bras de l’Assemblée nationale à coup de 49,3. Les Français les plus mélomanes pourraient être tentés d’entonner la célèbre « chanson politique » extraite de l’opéra-comique « La fille de Madame Angot » qui expliquait déjà : « c’était pas la peine, c’était pas la peine (bis), non pas la peine, assurément, de changer de gouvernement (bis) ». D’autant plus que Michel Barnier va devoir batailler sur tous les fronts avec une opposition résolue. Le nouveau Front populaire en première ligne, qui ne transigera évidemment pas avec un pouvoir plus droitier que jamais.

À ce propos, il faut arrêter de qualifier de « caution de gauche » les transfuges qui ont un jour adhéré au PS, par une erreur de jeunesse, ou par opportunisme politique, pour s’en éloigner ensuite constamment. Dans ce gouvernement, Didier Migaud, ex-PS, qui a rendu sa carte depuis plus de 15 ans, ne peut représenter que lui-même. Michel Barnier, qui ne doit sa nomination qu’à l’agrément de Marine Le Pen, restera sous sa menace permanente. Jusqu’à Gabriel Attal, son supposé allié qui met des conditions à son soutien. Le premier obstacle devra être franchi dès octobre avec la présentation et le vote du budget général et celui de la Sécurité sociale. Si le Premier ministre survit à la première motion de censure que déposera à coup sûr la gauche, ce ne pourra être que grâce au Rassemblement national qui ne manquera pas de faire payer fort cher une abstention toute provisoire. Et si le gouvernement tient jusqu’à l’été 2025, le Président compte bien dégoupiller une nouvelle grenade dissolutoire.