Nos contemporaines au pouvoir

C’est donc à partir de la IIIe République, et grâce aux forces de gauche, avec le gouvernement de Front populaire, qu’un espace politique est ouvert aux femmes.

La Deuxième Guerre mondiale avec le gouvernement de Vichy de 1940 à 1944, sur ordre du maréchal Pétain, renvoie celles qui occupaient des postes dans la fonction publique dans leur foyer ! Peu de chances d’avoir le moindre pouvoir politique.

Elles se « contenteront » d’être actives dans la résistance, dans la clandestinité, de continuer à assurer les tâches de ravitaillement, d’aide aux juifs, aux résistants… mais aussi de participer à la direction des grands mouvements de résistance. Lucie Aubrac, Germaine Tillon, Bertie Albrecht, Geneviève de Gaulle, sont les noms qui illuminent cette période trouble, plus de 9000 seront déportées. C’est peut-être à partir de cet événement dramatique qu’elles gagnent leurs premiers galons d’égalité avec les hommes.

Durant la IVe République, de 1946 à 1958, on commencera à voir siéger 33 d’entre elles à l’Assemblée nationale, ce chiffre restera le même jusqu’en 1990.

Il faudra attendre une grande avancée en 1947 quand Robert Schuman, président du conseil sous le gouvernement Vincent Auriol, nomme Germaine Poinso-Chapuis, ministre de la Santé. Première femme ministre de plein exercice.

Durant notre Ve République, de 1958 à 1974, avec de Gaulle puis Pompidou, trois femmes vont être nommées secrétaires d’État. Pourtant, sur 27 régions, 2 femmes seulement sont présidentes, 6 sur 100 dirigent un conseil général, la législation est très lente à se réformer !

Mai 68 va permettre de réels changements, Giscard d’Estaing crée un secrétariat d’État à la condition féminine, confiée à François Giroud en 1974, avec lui, il y aura six femmes au gouvernement, dont Simone Veil, ministre de la Santé. On voit donc s’affirmer plus de femmes au pouvoir, mais elles restent dans le deuxième cercle, et la plupart du temps on leur confie des questions ou des postes considérés relevant de leur genre, Santé, Affaires sociales, Enfance.

Il faudra attendre François Mitterrand, qui fera appel aux femmes de terrain, Ségolène Royal deviendra sa conseillère, et il osera nommer Édith Cresson, première femme Première ministre, en 1991 après lui avoir confié le ministère de l’Agriculture en 1981, et celui du Commerce extérieur et de l’Industrie.

Alain Juppé, en 1995, nommera quatre ministres femmes sur 43 ministres et huit secrétaires d’État, Lionel Jospin, en 1997, donnera le ministère régalien de la Justice à Élisabeth Guigou, il essaie de maintenir un tiers de femmes, le projet de loi sur la parité est proposé à l’Assemblée, elle sera votée en 2000.

En 2002, Alliot-Marie sera ministre de la Défense, puis ministre de l’Intérieur, 2007 Rachida Dati sera ministre de la Justice, Christine Lagarde est nommée ministre de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances puis aux Affaires étrangères. À partir de 2010, la parité sera respectée.

La conquête du pouvoir peut continuer, avec François Hollande, 34 ministres, dont 17 femmes, le président Macron nommera 11 ministres et secrétaires d’État femmes (la parité est respectée dans les chiffres, mais pas à tous les niveaux hiérarchiques !) et Élisabeth Borne, de mai 2022 à janvier 2024, sera la deuxième femme Première ministre.

De quoi sûrement être satisfaite de cette évolution, mais n’oublions pas qu’être nommé ministre, reste le fait du prince, les femmes sont encore trop souvent un alibi.

L’invitée du dimanche