Festina lente

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le lundi 2 septembre 2024 10:58
Écrit par Claude Séné

Cette formule latine, que l’on peut traduire par « hâte-toi lentement », pourrait parfaitement être adoptée par Emmanuel Macron, qui n’a toujours pas nommé de Premier ministre, 8 semaines après avoir constaté les résultats du second tour des élections législatives, où ses partisans sont arrivés en 3e position derrière le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Pour justifier un délai qui pénalise la nation en la condamnant à un immobilisme préjudiciable, le Président a indiqué depuis la Serbie où il se trouvait en visite officielle qu’il « travaillait » jour et nuit pour aller vite, et qu’il annoncerait sa décision « en temps utile ».

On sait qu’Emmanuel Macron n’aime pas qu’on lui dicte son agenda et qu’il essaie toujours de se poser en maître des horloges, mais, là, ça commence à faire beaucoup, et la patience des Français est mise à rude épreuve. Si la marque suisse fondée en 1902 a choisi le premier mot de la formule en s’appelant Festina, c’est bien pour mettre l’accent sur la précision et la notion de vitesse de ses montres. C’est d’ailleurs assez cocasse que l’un des premiers scandales liés au dopage ait touché l’équipe cycliste parrainée par l’entreprise. Pas de surchauffe en vue pour la constitution du gouvernement. L’Élysée a laissé filtrer volontairement la réception des deux favoris pressentis pour la fonction de Premier ministre, Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, qui n’ont pas été officiellement sollicités pour l’instant. Emmanuel Macron poursuit ainsi sa série de consultations, apparemment destinées à occuper le terrain et à tirer sur la corde aussi longtemps qu’elle tiendra. Après les formations politiques, les élus régionaux, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, place aux anciens présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy.

La fumée blanche est annoncée pour mardi, mais rien n’interdit au chronométreur officiel de retarder une nouvelle fois l’annonce faite à Marianne et permettre au prestidigitateur présidentiel de sortir un nouveau nom de son chapeau. Après tout, hors période de crise sur fond de défaite électorale, qui connaissait Édouard Philippe hors de son fief du Havre, ou Jean Castex, qui menait une carrière discrète comme haut fonctionnaire ? Les pronostiqueurs s’accordent sur le fait que le président ne devrait pas choisir quelqu’un issu trop visiblement de son camp, et plus généralement, le futur Premier ministre ne devrait pas susciter trop de rejets pour entraîner une censure immédiate. Dans l’hypothèse Cazeneuve, toutes les manœuvres dilatoires de ces dernières semaines avaient probablement pour but d’escompter une implosion du parti socialiste en vue d’en récupérer les ruines et les agréger à un bloc centriste hypothétique. Pour l’instant, la logique électorale d’un scrutin majoritaire à deux tours arrime le PS à l’alliance de gauche comprenant la France Insoumise, malgré des divergences de vues.