Grandeur et décadence

À partir du XVIIIe siècle, le rôle des femmes dans le cercle du pouvoir royal s’estompe, elles restent reines, régentes, nominalement présentes, politiquement inconsistantes.

À la chute de la royauté à la révolution de 1789, finit la période de l’ancien régime, et les situations remarquables, complexes et contrastées où les femmes étaient actrices.

Les révolutionnaires vont changer le sort des femmes du peuple, qui jusqu’alors devaient la soumission au patriarcat, souffraient d’une infériorité juridique… sans remettre en cause l’ordre masculin « naturel ».

Elles ont droit à leur indépendance à 21 ans, elles peuvent se marier sans autorisation parentale, elles ont accès aux tribunaux de famille qui marquent la fin de la toute-puissance paternelle, elles peuvent hériter, elles peuvent divorcer, elles peuvent intégrer l’enseignement gratuit pour elles jusqu’à 13 ans, certaines deviennent institutrices. Des millions d’entre elles peuvent gérer les commerces, l’exploitation de la terre, l’administration des domaines, mais peu passent à l’action politique ! Car, parallèlement à cette prise en compte du sort des femmes, les révolutionnaires vont tout faire pour les éliminer du pouvoir. On dénonce leurs prétentions politiques ! En 1793, la commune veut exclure les femmes de la vie publique « chaque sexe a son genre d’occupation qui lui est propre… ». Deux femmes vont se distinguer dans cette période…

Olympe de Gouges, qui écrira en 1791 « la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » (dédiée à Marie-Antoinette) qui proclame une égalité de façade, elle ne sera jamais appliquée faute de moyens. Elle sera la deuxième femme guillotinée en France après Marie-Antoinette en 1793 pour atteinte à l’indivisibilité de la République.

L’assassinat de Marat, en juillet 1793, par Charlotte Corday, va libérer le fantasme négatif contre les femmes qui outrepassent leur sexe ! Elle sera guillotinée quatre jours après…

Du XIXe siècle au début du 20e, l’espace public restera une affaire d’hommes. Sous l’empire, les femmes redeviennent des mineurs en droit « elle doit obéissance à son mari », la mise sous tutelle revient, on limite les causes de divorce, on supprime par exemple le consentement mutuel.

Sous la restauration, en 1816, il sera totalement aboli (rétabli en 1884 par la troisième république) sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, jusqu’en 1870, aucune place pour les femmes dans les cercles du pouvoir !

L’espace public ne leur sera ouvert que si on leur en accorde le droit.

Le droit de vote pour commencer, que la France, dernier pays d’Europe, voulait leur accorder en 1919, mais qui sera bloqué par le Sénat, et qui ne sera effectif qu’en 1944.

La Première Guerre mondiale leur permettra pourtant d’assurer la survie du pays en l’absence des hommes au combat, cela ne suffira pas pour leur ouvrir la scène politique !

La commune, en 1936, va faire une brèche dans cet ostracisme, dans le gouvernement du Front populaire, Léon Blum nomme trois femmes sous-secrétaires d’État (alors qu’elles n’ont pas le droit de vote)

C’est un petit pas vers une longue marche vers l’égalité civique qui se continuera sous la IIIe République

Suite et fin la semaine prochaine…

L’invitée du dimanche