Encore un contrôle qui tourne mal

Cette fois, c’est un gendarme, membre du peloton motorisé de Mandelieu-la-Napoule, qui a été percuté par un chauffard qui a refusé de se soumettre à l’injonction de s’arrêter en vue d’un contrôle de routine à Mougins qui a succombé à ses blessures. Le conducteur du véhicule a été arrêté à Cannes quelques heures après les faits, alors qu’il allait vraisemblablement se rendre. Il s’agit d’un Cap-Verdien en situation régulière, connu pour des délits routiers et apparemment alcoolisé. Ce drame relance la polémique autour des refus d’obtempérer, environ 25 000 par an, dont certains se sont soldés par un usage de leur arme de service par des fonctionnaires pensant leur vie menacée.

Pour certains syndicats de policiers, la solution consisterait d’ailleurs à créer une présomption de légitime défense, en inversant la charge de la preuve et en obligeant les victimes à démontrer leur bon droit. Ce qui est sous-entendu en général, et parfois affirmé ouvertement, c’est un supposé laxisme de la Justice qui serait trop sévère avec les policiers et trop indulgente avec les délinquants. Cette opinion est largement contredite par les statistiques qui démontrent une surpopulation carcérale qui risque de déboucher sur une situation hors de tout contrôle, sans bénéfice réel pour la société. Une règle bafouée par 25 000 automobilistes tous les ans mérite d’être réexaminée dans ses modalités pour éviter que des fonctionnaires de police ou de gendarmerie et des citoyens ordinaires y risquent leur vie. Je suis persuadé que des experts pourraient imaginer des moyens de contrôle plus efficaces et moins dangereux pour détecter des délits potentiels.

Lorsqu’il s’est agi de retrouver l’auteur de cet homicide routier, les moyens les plus récents et les plus sophistiqués ont été utilisés avec une grande efficacité, tout comme dans l’incendie de la synagogue de la Grande-Motte. De même, la période des Jeux olympiques a été très calme pour les délits de droit commun. Probablement grâce à un déploiement massif de policiers dans la capitale et en région Île-de-France, qui aurait servi de dissuasion pour les malfrats, les incitant à annuler ou différer leurs mauvaises actions. « Du bleu dans la rue », selon une vieille formule policière, entraîne généralement une dissuasion au moins temporaire. Les touristes venus pour les Jeux olympiques ont généralement félicité les forces de l’ordre pour leur accueil et leur disponibilité. Cela rappelle le climat créé il y a désormais longtemps par l’expérience d’une police de proximité, dénoncée par le ministre de l’époque, Nicolas Sarkozy. L’ancien président peut se vanter d’avoir détruit cet outil, imparfait sans doute, mais symbole d’une autre façon de prévenir le crime organisé.