Terrorisme low coast

Une tentative d’attentat terroriste a été interrompue à la Grande Motte, après qu’une personne ait essayé d’incendier la synagogue en mettant le feu à deux de ses portes et en faisant brûler deux véhicules et une bouteille de gaz. C’est d’ailleurs l’explosion de cette bouteille qui va causer la seule blessure de cette tentative avortée, celle d’un policier municipal se trouvant à proximité, et dont les jours ne sont pas en danger. Tout porte à croire, dans l’état actuel de l’enquête, qu’il ne s’agit pas d’une entreprise terroriste télécommandée par une organisation comme pouvaient en fomenter autrefois des mouvements du type al-Qaïda ou Aqmi.

Il semble que l’on ait plutôt à faire avec une initiative individuelle, utilisant des armes par destination, parfois des armes blanches, faciles à se procurer, peu repérables, utilisées par des individus inconnus des services de lutte contre le terrorisme. Ce qui n’exclut pas pour autant l’existence de complices, généralement dans l’entourage des suspects. Ce terrorisme « low coast » est très difficile à prévenir, car les passages à l’acte sont souvent soudains. Ils se nourrissent des épisodes du conflit entre Israël et les Palestiniens, qui n’en finit pas de rebondir au gré des représailles de part et d’autre, entraînant des radicalisations plus ou moins spontanées. Les auteurs de ces attentats sont fréquemment des kamikazes, qui escomptent une vie éternelle en mourant en martyrs, pour la bonne cause. L’auteur présumé de l’incendie de la Grande Motte a revendiqué son geste à sa façon en arborant un drapeau palestinien et en portant le keffieh traditionnel, sans chercher à dissimuler son visage. Il a été rapidement retrouvé dans un quartier sensible de Nîmes, et arrêté par le RAID après « un échange de coups de feu ».

Le suspect serait un Algérien de 33 ans, en situation régulière, connu pour des délits mineurs, sans lien avec du terrorisme. Des membres de son entourage ont également été placés en garde à vue pour complicité. On ignore comment il a parcouru la quarantaine de kilomètres entre la Grande Motte et Nîmes. Autre zone d’ombre : l’arme de poing aperçue à sa ceinture sur la vidéo de surveillance municipale aurait été chargée à blanc, ce qui indiquerait une volonté suicidaire de sa part en en faisant usage au moment de son arrestation. Il a seulement été blessé au visage ou au bras par le tir « de riposte » des policiers, alors que peu de terroristes réels ou supposés s’en sortent vivants en pareilles circonstances. Reste que l’on a échappé de justesse et par chance à un attentat qui aurait pu faire de nombreuses victimes. La classe politique dans son ensemble a dénoncé cette tentative, mais quelques-uns n’ont pas résisté à la tentation de désigner Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise comme responsables de cet attentat qu’ils ont pourtant clairement condamné.