Deux drôles d’oiseaux

Qu’y a-t-il de commun entre Nathalie Loiseau, députée européenne, et Donald Trump, candidat à l’élection présidentielle des États-Unis ? À première vue, rien, ou pas grand-chose. Ils partagent cependant, et probablement sans le savoir, une forme de raisonnement et d’attaque de leurs concurrents particulièrement tordue. La première a réagi à une interview parue dans Paris-Match, dans laquelle Lucie Castets, candidate au poste de Première ministre, faisait son « coming out », pour clarifier sa situation personnelle en évoquant sa femme et son enfant. Le second a porté des accusations contre sa concurrente, Kamala Harris, visant à la dénigrer de façon faussement objective.

On aurait pu croire que l’information sur l’homosexualité de quelqu’un, fut-il appelé à des fonctions importantes de l’état serait un non-évènement dans la mesure où le Premier ministre démissionnaire n’a jamais caché ses préférences sexuelles, sans que la classe politique y trouve à redire. Vous n’y êtes pas. Ce que Nathalie Loiseau critique, ce serait l’utilisation de son homosexualité pour se faire connaître des Français. Elle invite Lucie Castets à la discrétion sur elle-même et lui reproche de ne pas être passée par une élection. Concrètement, l’homophobie sous-jacente de son propos est très mal masquée. Si l’on ressort le placard à archives, cette ancienne militante d’un syndicat étudiant très à droite a elle-même posé dans Paris-Match accompagnée de son fils. Quant à l’onction du suffrage populaire, il est très relatif dans un scrutin proportionnel, comme celui des élections européennes où elle était tête de liste en vertu du choix présidentiel. S’il fallait une preuve du parti pris selon le bord politique de la députée européenne, il suffit de la citer quand elle félicitait Clément Beaune, ex-ministre des Transports, pour son combat nécessaire à propos d’une interview où il révélait son homosexualité.

Donald Trump a fait encore plus fort, dans une démarche similaire, en prétendant que la vice-présidente, désormais candidate, serait noire uniquement parce que cela l’arrangerait et lui rapporterait les voix de la communauté noire. Cette fois, il ne s’agit pas d’homophobie, même si l’on devine qu’elle n’est jamais loin avec l’ancien président, mais de racisme qu’il tente de camoufler tant mal que bien. Donald Trump s’appuie sur une disposition inconnue en France, celle qui demande aux individus de déclarer leur appartenance à un groupe, à une religion, etc. Selon Donald Trump, sa rivale se déclarait jusqu’ici d’origine indienne par sa mère, sans se réclamer de son père, afro-américain, originaire de la Jamaïque. Il insinue donc que Kamala Harris se revendique de la négritude par pur opportunisme afin de récolter le vote noir, négligeant ainsi le fait que la politique de l’apartheid a longtemps empêché les « personnes de couleur » d’accéder à la moindre responsabilité, et que de nombreux états sont contraints d’appliquer une discrimination positive pour équilibrer partiellement la représentation des minorités. CQFD.