
Jusqu’au dernier souffle
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 21 avril 2025 10:55
- Écrit par Claude Séné

Même pour un non croyant comme moi, la volonté du Pape François de se montrer aux yeux des fidèles à l’occasion de la célébration de Pâques, alors qu’il n’a pas achevé sa convalescence après la double pneumonie qui l’a contraint à une hospitalisation prolongée, a de quoi forcer le respect. C’est avec un souffle extrêmement court qu’il a pu prononcer quelques mots et souhaiter de joyeuses Pâques à la foule qui était venue l’écouter avec ferveur sur la place Saint-Pierre et à travers eux aux plus d’un milliard 400 millions de catholiques dans le monde.
S’il n’a pas pu lire lui-même le discours urbi et orbi sur l’état du monde, et notamment l’appel au cessez-le-feu et à la paix partout où elle est menacée, il a surpris les pèlerins en s’offrant ensuite un bain de foule en papamobile. Peu avant cette sortie, il a même reçu brièvement, mais en personne, J. D. Vance, le vice-président des États-Unis, pour une visite privée. Tous ces signes semblent indiquer que le Pape François a l’intention d’exercer son pontificat jusqu’au bout, en dépit d’un état de santé chancelant, contrairement à ce qu’il avait laissé entendre à certains moments, où il évoquait l’éventualité d’une démission s’il n’était plus en mesure d’exercer ses fonctions. Il faut peut-être distinguer facultés morales et mentales, de facultés physiques. François semble déterminé à contraindre son corps à se plier à sa volonté tant qu’il lui restera un souffle de vie, mais le résultat le plus habituel d’une telle attitude est de déboucher sur un immobilisme avec l’émergence de luttes d’influence entre cardinaux papabiles, qui font campagne en sous-main.
Le pape en exercice est non seulement à la tête de l’état du Vatican, mais aussi de toute une sorte de cour, dont il arbitre les tendances parfois contradictoires. L’exemple de Benoist XVI, son prédécesseur qui a démissionné pour raison de santé, est intéressant à cet égard. En se retirant en 2013, il a évité à l’église une crise majeure en étant lui-même un obstacle à une évolution progressiste du pontificat. Ces tendances souterraines continuent probablement et les scandales inévitables qui secouent l’Église catholique, notamment en France, ne font rien pour les apaiser. C’est ainsi que l’on apprend incidemment que François a confié à un évêque français la mission de lire la bénédiction pascale, et non au numéro deux officiel du Vatican, avec qui il serait en froid. Bien que l’église n’ait pas prévu de limite d’âge pour exercer la fonction suprême de Pape, le bon sens commanderait au souverain pontife de faire un examen lucide de son état de santé, et le cas échéant, de renoncer à ses prérogatives pour permettre à l’église de lui désigner un successeur en pleine possession de ses moyens.
Édit : j’apprends à l’instant le décès du pape François, que l’on pouvait pressentir. Je ne retire rien de ce que j’ai écrit, qui prend un relief particulier, mais me parait rester valable.