
Émancipation
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 23 mars 2025 10:07
- Écrit par L'invitée du dimanche

Étymologiquement, cela signifie « se dégager de celui ou celle qui a un droit de propriété sur vous » c’est donc se dégager de toute forme d’emprise, de tout ce qui nous met en situation de sujétion, qui nous empêche, voire même nous interdit de regarder le monde et la vérité en face. C’est être mû par une exigence de rigueur et de vérité permettant d’échapper aux tentatives de séduction et de manipulation.
Depuis le XVIIe siècle, c’est un acte ambivalent, positivement c’est l’affranchissement d’une sujétion, négativement, c’est prendre trop de liberté dans sa conduite au regard des bonnes mœurs. Le mot émancipation reste donc marqué par sa double valence, admiration ou suspicion.
S’émanciper, c’est le projet de tous les dominés, de l’esclave de l’Antiquité, au paysan aux ordres du châtelain, à la femme sous la coupe de son mari… aux ouvriers du XIXe siècle…
Il y a deux conceptions de l’émancipation : la première voit une promotion individuelle, une ascension sociale, la seconde refuse de limiter l’émancipation au fait que certains dominés puissent devenir des dominants, cette deuxième vision est une perspective politique et une ligne de conduite morale.
En géopolitique, l’émancipation des peuples au nom du droit à disposer d’eux-mêmes, selon la charte de l’Atlantique de 1941, s’est concrétisée dans la décolonisation représentant l’asservissement des populations.
Ce processus s’est accéléré à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, d’abord en Asie, 1947 indépendance de l’Inde, 1947–1954, quatre ans de guerre pour l’indépendance de l’Indochine puis en Afrique 1957-1963, indépendance des colonies britanniques, 1960 toutes les colonies françaises de l’Afrique Noire retrouvent leur autonomie, en Afrique occidentale, en 1956, Maroc et Tunisie sont « libérés » du joug français, l’Algérie le sera après huit ans de guerre 1954-1962. Ces décolonisations se sont effectuées soit par les négociations, soit dans les cas extrêmes par des conflits armés, parfois par des guerres fratricides. L’URSS soutient les mouvements nationalistes, les USA la dénoncent avec prudence, par peur de voir les nouveaux états qui se rassemblent et composent le tiers-monde, rejoindre le camp soviétique.
L’ONU jouera un rôle essentiel dans ce processus d’émancipation des peuples, elle jouera le rôle de médiatrice, voire d’arbitre, elle sera une tribune pour les indépendantistes, au risque de payer un lourd tribut avec la perte de ses Casques bleus, et l’assassinat d’un de ses secrétaires généraux, Monsieur Hammarskjöld… dans le conflit du Congo en 1961 !
Sur le plan économique, les progrès technologiques, les besoins de nouvelles ressources énergétiques, l’extension du capitalisme libéral nous ont plongés dans la mondialisation.
Cette dernière contraint les différents territoires du monde à se relier entre eux, les rendant interdépendants, sur le plan du commerce, de la finance, de la culture et des politiques, limitant leur autonomie, la France achète son uranium à la Russie. Des rapports de force entre des acteurs inégaux s’instaurent, la Chine par exemple, par ses investissements en Afrique, crée un nouvel asservissement.
La dépendance dépasse le champ économique, rejoint la défense militaire, la diplomatie, influe sur les alliances et les inimitiés (on y est confronté aujourd’hui) l’ordre mondial actuel est fragile et l’on voit se dégager une tendance à s’émanciper de ce piège, pour développer une autosuffisance stratégique.
Est-ce possible ? Peut-être, si tous les humains s’émancipent ensemble par l’intermédiaire du monde, pour se libérer de tout emprisonnement idéologique ou sociologique, car l’émancipation de tous est le pari fondateur de l’humain et de l’humanité.
L’invitée du dimanche
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