Le Bon Dieu sans confession

Comme vous le savez probablement, que vous soyez ou non de confession catholique, dans la tradition de cette religion, il est d’usage de communier, au cours de la cérémonie de la messe, supposée renouveler le sacrifice du Christ sur sa croix en rémission de tous les péchés. La seule condition de ce rachat est de reconnaître ses erreurs ou ses fautes, d’en ressentir sincèrement des regrets, et de réparer symboliquement ses effets néfastes en pratiquant une pénitence après s’être confessé. D’où cette expression, passée dans le langage courant, d’une confiance instinctive accordée à des personnes incarnant une existence exemplaire, sans avoir besoin d’une preuve de leur foi.

Parmi ces piliers de la religion, on s’attend donc à trouver en première ligne les représentants du clergé, successeurs des apôtres supposés répandre la bonne nouvelle, mais des affaires récentes tendent à prouver le contraire. L’exemple de l’abbé Pierre, passé sans transition ou presque du statut de bienfaiteur de l’humanité pour son action en faveur des sans-abri dans la fondation Emmaüs, à celui de suppôt de Satan, totalement gouverné par des pulsions malsaines, est particulièrement significatif. On a aussi découvert avec stupéfaction des affaires de pédocriminalité ou de mauvais traitements dans des établissements confessionnels apparemment au-dessus de tout soupçon. Il semblerait que les établissements privés soient plus fréquemment touchés que les établissements publics, et notamment que les auteurs des faits soient souvent des prêtres, ce qui est particulièrement choquant. Au fur et à mesure des enquêtes, on se rend compte que la hiérarchie catholique a trop souvent couvert des agissements manifestement contraires à l’idéologie sous-tendue par la religion, et tombant sous le coup de la loi.

Tout se passe comme si, faute avouée étant à moitié pardonnée, les auteurs de ces crimes obtenaient, de fait, une autorisation d’enfreindre la loi et la morale au détriment de jeunes victimes, souvent marquées à vie. Si l’église attend de ses fidèles une attitude exemplaire, elle tolère trop facilement des abus, qui deviennent une affaire de conscience entre le pêcheur et un Dieu miséricordieux qui pardonne les pires excès, moyennant un repentir supposé sincère, mais qui ne permet pas la réparation du préjudice subi, précisément irréparable dans la plupart des cas. Comme toute institution, l’Église catholique a tendance à vouloir laver son linge sale en famille, et la confession demandée aux simples adeptes pour obtenir l’absolution de leurs peccadilles, de leurs péchés véniels, la congrégation ne se l’applique pas volontiers à ses propres cadres. Pour être aussi juste que possible en ces matières fort délicates, la société elle-même et sa représentation politique ne sont pas toujours irréprochables. La tentation est grande de mettre la poussière sous le tapis, en espérant qu’une prescription miséricordieuse viendra éteindre l’action de la justice et protéger certains élus du scandale.

Commentaires  

#1 jacotte 86 14-03-2025 12:01
plaignons ce pauvre prêtre qui après avoir avouer ses péchés est interdit de dire la messe!!! c'est trop dur...
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