
Un faible espoir de paix
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 13 mars 2025 10:41
- Écrit par Claude Séné

C’est ce qui anime officiellement la démarche du président Trump pour mettre fin au conflit engagé par la Russie depuis 2022 et l’invasion de l’Ukraine au moyen d’une « opération spéciale » qui devait n’être qu’une promenade de santé jusqu’à la capitale, Kiev, sous les hourras de la population « enfin libérée » d’une clique présentée comme corrompue et même nazifiée. Le souhait de Donald Trump de mettre fin à une guerre qui n’a jamais été déclarée est probablement sincère, car les conflits armés nuisent aux affaires commerciales, son véritable enjeu dans les relations internationales, le seul qui vaille la peine d’y consacrer ses efforts entre deux parties de golf.
Trump a obtenu de Zelensky ce qu’il voulait : un engagement de respecter un cessez-le-feu de 30 jours, en échange de la reprise des livraisons d’armes des États-Unis et la coopération renouvelée en matière de renseignements militaires, sans la moindre demande de concessions de la Russie, à qui il a déjà promis de lui octroyer la légitimité des conquêtes acquises sur le terrain, soit 20 % environ du territoire ukrainien. Les observateurs estiment que le deal entre Poutine et Trump est déjà acté, et qu’il ne reste plus qu’à le finaliser. Les deux dirigeants utilisent d’ailleurs le même langage, c’est-à-dire que Donald reprend souvent mot à mot le discours de Vladimir, au point que les journalistes spécialisés finissent par s’embrouiller et citer un faux jumeau pour l’autre tant ils se ressemblent. On peut donc légitimement se demander pourquoi les discussions traînent à ce point, et ce qui empêche le président russe d’annoncer un accord sur le premier et peut-être le dernier point, celui d’un cessez-le-feu non contraignant, qu’il n’hésitera pas à violer autant que de besoin, comme par le passé.
L’explication tient peut-être dans un accessoire vestimentaire que Poutine n’avait plus porté depuis longtemps : un treillis militaire aux couleurs de camouflage, arboré par le maître du Kremlin pour signifier en langage non verbal qu’il restait le commandant en chef et qu’il décidait de poursuivre ou non la guerre, à sa guise. D’ailleurs, il a donné publiquement l’ordre à son armée de libérer totalement la région de Koursk, une enclave tenue par les Ukrainiens sur le territoire russe, formant une verrue insupportable sur la ligne de front. Les troupes russes ont repris quelques villages, mais leur progression sur l’ensemble du front est très lente, ce qui explique que Poutine montre les muscles et ne soit pas pressé de signer un accord qui ne lui rapportera rien qu’il n’ait déjà obtenu officieusement. Il ne se sentira pas de toute façon engagé en quelque manière par un traité, pas plus qu’après les accords de Minsk en 2014. L’espoir de paix reste bien ténu. Une cessation des hostilités serait un moindre mal.