Vous ne m’avez pas compris !

Nous sommes le 4 juin 1958 à Alger. Précisément au palais du Gouvernement général, où le Général de Gaulle, fraîchement désigné par le président de la République, René Coty, pour former un gouvernement dont la première tâche sera de tenter de régler la question algérienne qui divise l’opinion en France métropolitaine, entre partisans de l’indépendance et tenants de l’Algérie Française. Le nouveau président du conseil, équivalent du chef de l’état actuel, s’avance sur le balcon et prononce d’une voix forte un discours resté célèbre qui commence ainsi : « je vous ai compris ! » Il est accueilli par un tonnerre d’applaudissements, car chacun de ceux qui l’acclament interprète la formule comme un soutien à ses propres convictions.

Chronique ouverte à Claude Askolovitch

Parmi les sources d’inspiration de mes billets quotidiens, je ne manque jamais, sauf cas de force majeure, d’écouter la revue de presse de la matinale, présentée par ce journaliste talentueux qui perpétue une longue tradition initiée par un célèbre prédécesseur, Ivan LevaÏ. À l’époque, on entendait distinctement le bruit des pages de journaux épluchés par le journaliste vedette et l’on imaginait la table recouverte de périodiques et de quotidiens dans un foutoir où seul Ivan pouvait se retrouver. De nos jours, les articles sont numérisés, mais Claude Askolovitch continue à les faire tournoyer comme des moulins pour rendre plus vivante sa chronique.

Je fais un rêve

Après le rejet d’extrême justesse de la motion de censure contre le gouvernement, beaucoup des derniers partisans du président de la République le pressaient de prendre la parole. Ce sera chose faite demain, sous une forme qui ne fait pas l’unanimité, y compris dans son simple énoncé. Pour TF1, le président répond ainsi à une invitation des JT de 13 heures de la chaîne et de France 2, tandis que pour Ouest France, c’est le président qui donnera une interview diffusée sur les deux chaînes. Quant à Libération, il préfère la formulation : « Emmanuel Macron s’adressera aux Français » et Centre Presse Aveyron, qu’il prendra la parole.

Un pyromane à l’Élysée ?

Le président de la République s’est mis dans une situation impossible en multipliant les faux-pas sur la réforme des retraites, jusqu’à se trouver devant une alternative dont les deux branches étaient également insatisfaisantes. Soit il laissait l’Assemblée nationale voter, et il savait que selon les derniers décomptes la loi ne recueillerait pas de majorité, et son orgueil ne s’en remettrait pas, soit il passait en force en utilisant le 49.3, et les conséquences en étaient totalement imprévisibles. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. Pour la première fois dans cette crise démocratique, les manifestations de colère se sont multipliées spontanément.