Monologue de sourd

La formule n’est pas de moi, mais je la fais mienne sans état d’âme. C’est la conclusion d’un chercheur, spécialiste d’Emmanuel Macron, qui a ainsi qualifié le discours du chef de l’état quand il s’est adressé aux Français lundi dernier pour essayer de « tourner la page » de la catastrophique réforme des retraites rejetée massivement par les principaux intéressés. Cet homme, qui prétend prôner le dialogue et la concertation, ne tient en réalité aucun compte de ses interlocuteurs. Nous en avons eu la preuve, si elle était nécessaire, au cours de son déplacement mouvementé à Sélestat.

Les raisons de la colère

Rappel rapide* sur le sens de ce sentiment de base, exprimée pour manifester un courroux, une irritation, une exaspération, en réaction à une situation jugée mauvaise, source de frustration, de blessures, d’humiliation. Au-delà de la colère individuelle, quand elle saisit tout un peuple, elle est une ressource d’énergie vitale, et un signal qui devrait alerter ceux ou celui contre lesquels elle est dirigée, pour l’Abbé Pierre, elle est une vertu. On la dit mauvaise conseillère, peut-être, mais on l’estime parfois légitime. Alors, elle sert à garantir notre liberté, notre dignité, notre respect, notre place dans les relations humaines.

La volonté du peuple

Sans être des foudres d’histoire avec une grande hache, nous connaissons tous la célèbre formule attribuée à Mirabeau : « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes ». Cette phrase aurait été prononcée le 23 juin 1789 pendant les États généraux, prélude à la Révolution française, et après le non moins fameux Serment du Jeu de Paume, prêté par les députés pour s’engager à ne se séparer qu’après avoir rédigé une Constitution pour la France.

Brebis galeuses

L’accident s’est produit le jeudi 13 avril dernier, mais ce n’est qu’une semaine plus tard que le public a eu connaissance des faits, que je vous résume. Il s’agit de trois adolescents circulant sur un scooter de location, conduit par une jeune fille de 17 ans, qui a été percuté par une voiture de police dans le 20e arrondissement de Paris. J’emploie à dessein le mode indicatif et non pas le conditionnel, parce que cette version apportée par les familles et l’avocat des victimes est confirmée par quatre témoins qui ont vu la scène. Leur témoignage est accablant pour les policiers.