Les douze heures de Saint-Denis

À quoi auront servi ces douze heures de discussion avec les représentants des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, à l’appel du président de la République ? À rien, selon les partis d’opposition, qui n’en espéraient pas grand-chose, et elles auront eu le seul mérite d’exister selon les partisans d’Emmanuel Macron, représentés par le porte-parole du gouvernement. On sait que le président adore ce genre de grand-messe, où il peut discourir à perte de vue et noyer ses interlocuteurs sous un flot de belles paroles qui n’engageront que ceux qui les croiront. Il aura fallu que François Bayrou fasse remarquer l’heure tardive pour que les discussions finissent enfin à 3 heures du matin.

Le pacte

C’est aujourd’hui que les enseignants se retrouvent officiellement dans leurs établissements respectifs, pour mettre en place avec leurs collègues les aspects collectifs de la rentrée scolaire. Individuellement, chacun a déjà préparé son travail de l’année et va essayer de donner le meilleur de lui-même pour la réussite des élèves. Une nouveauté cette année avec la distribution prévue de prospectus en quadrichromie aux professeurs pour les inciter à signer un pacte avec leur employeur afin d’exécuter des missions supplémentaires en échange d’une meilleure rémunération. Cette nouvelle version du « travailler plus pour gagner plus » institué par Nicolas Sarkozy pour contourner la faiblesse des salaires, ne semble pas faire l’unanimité, sinon contre elle.

Bien mal acquis

Selon la sagesse populaire, il ne pourrait jamais profiter à celui qui l’a obtenu par des procédés frauduleux ou malhonnêtes. Il faut cependant observer que cette sanction peut demander un délai au-delà du raisonnable pour se vérifier. Le putsch militaire qui vient de se produire au Gabon, après celui de Niamey au Niger, semble répondre à une exigence de justice immanente qui frapperait la dynastie de la famille Bongo, au pouvoir depuis 1967 avec le père, Omar, puis le fils, Ali, compromis dans le scandale dit des biens mal acquis, notamment des immeubles achetés en France et financés par des détournements d’argent public.

Le référendum du Loch Ness

Depuis 2005, date du dernier référendum en France, qui a vu la victoire du Non au traité de Maastricht et le désaveu, non seulement du président de l’époque, Jacques Chirac, favorable au traité, mais aussi des élites pro-européennes de droite comme de gauche, aucun président n’a voulu prendre le risque de consulter directement le peuple. En effet, les politologues distingués font observer à juste titre que les Français, quand on les consulte, ont la fâcheuse habitude de répondre à côté de la question, et le référendum se transforme régulièrement en plébiscite pour ou contre le pouvoir en place, et permet au peuple d’exprimer son hostilité à celui qui pose la question.