En attendant Donald

J’ai finalement décidé de conserver ce titre, initialement choisi pour souligner les tergiversations de l’homme qui gazouille plus vite que son ombre, mais qui a tardé à mettre ses menaces à exécution, à tel point que l’on se demandait si l’opinion internationale n’en serait pas réduite à attendre éternellement sa décision, comme les personnages de Beckett l’arrivée d’un hypothétique Godot. Après avoir roulé des mécaniques par tweet vengeur interposé, Donald Trump, peut-être échaudé par des conseilleurs, enfin, ceux qui lui restent paraissait beaucoup moins pressé d’en découdre et de défier le chef du Kremlin.

Saperlipopette !

Décidément, notre président a le chic pour remettre au goût du jour des expressions injustement oubliées, qui lui permettent d’étaler sa culture et d’occuper les journalistes confrontés à l’absence sidérale de propositions concrètes pour améliorer le quotidien des Français, à l’exception des plus aisés. Le mot du jour sera donc « carabistouille ». Une expression en provenance de l’outre-Quiévrain, façon pédante de désigner la Belgique, qui sied parfaitement à mon propos. Là où certains inventent des mots qui n’existent pas encore, Emmanuel Macron déterre des vocables que je qualifierai de paléologismes, par opposition aux néologismes dont je viens de vous gratifier d’un spécimen.

La stratégie Chamberlain

Lorsque Neville Chamberlain, alors Premier ministre du Royaume-Uni, rentra de Munich en septembre 1938 après la signature des accords supposés éviter l’affrontement avec l’Allemagne d’Adolf Hitler au prix de l’abandon en rase campagne de la Tchécoslovaquie, il s’attira une réplique cinglante de la part de Winston Churchill, son futur successeur : « vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre. » C’est lui qui avait raison, évidemment, mais sur le moment les populations soulagées avaient acclamé Chamberlain en Angleterre et Daladier en France, pensant alors avoir échappé au pire.

Monseigneur Macron ?

Faudra-t-il appeler Monseigneur le chef de l’état ? Devant la conférence des évêques de France, Emmanuel Macron a tenu un discours que n’aurait pas désavoué le pape en personne, tant il était empreint d’une componction bienveillante destinée à s’attirer les faveurs de la hiérarchie catholique et si possible du peuple des chrétiens, dont le poids électoral, bien que déclinant, n’est pas quantité négligeable. Si l’on en croit le président de la République, « le lien entre l’église et l’état s’est abimé », un lien qui, fort heureusement et depuis 1905, n’est plus organique.