Aussi bêtes que méchants ?

Qui donc ? Les candidats du Front national bien sûr, qui ont été épinglés, une fois n’est pas coutume, par le site Buzzfeed et non par le Canard enchaîné, habituel pourvoyeur de scoops sur les partis politiques. Il est vrai que cette fois-ci, il n’a été nullement besoin d’informateurs pour découvrir les propos scandaleux d’une centaine de candidats FN, puisqu’ils ont été exposés sur la place publique par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Des propos racistes, xénophobes, antisémites, homophobes, anti-musulmans, dont certains tombent sous le coup de la loi.

Les journalistes de Buzzfeed se sont « contentés », mais c’est un énorme boulot d’éplucher les comptes des candidats sur Facebook, Tweeter, etc. pour rechercher leurs déclarations, celles qu’ils ont relayées ou celles qu’ils ont approuvées. Et il semblerait qu’au FN on ignore que rien ne se perd sur Internet, d’autant plus qu’on n’y fait pas le ménage pour supprimer les traces compromettantes. Il existe des sociétés spécialisées pour maintenir sa bonne réputation en recherchant les déclarations intempestives pour les faire disparaître. Toutefois, la meilleure défense restera toujours d’être irréprochable, ce qui est loin d’être le cas au Front national, qui a visiblement dû racler les fonds de tiroirs pour trouver 573 candidats plus ou moins présentables. La faible défense des seconds couteaux chargés de répondre à la presse sur le sujet consiste à prétendre que les personnes mises en cause n’ont pas été consultées avant la parution de l’article. Admettons. C’est maintenant sur la place publique et je n’ai pas entendu de démenti de la part des candidats cités. Aucun d’eux ne semble avoir désavoué les propos qu’on leur a attribués et dont l’authenticité est facilement vérifiable.

Quant au parti lui-même, il a beau prétendre vouloir retirer l’investiture aux candidats qui enfreindraient les lois sur le racisme, je n’ai pas encore vu passer la moindre sanction alors que le temps presse avant le premier tour des législatives. Il est vrai qu’ils ont d’autres chats à fouetter avec les dissensions internes qu’ils ont bien du mal à masquer. Entre une présidente contrainte de faire un semblant d’amende honorable (si l’on peut dire) après une campagne présidentielle catastrophique et des cadres défendant des lignes contradictoires, le score objectivement flatteur de Marine Le Pen risque de se traduire par une Bérézina électorale avec très peu de députés. Et heureusement, vu le niveau et la nocivité de ses « idées ». Car, si nous avons peut-être l’extrême droite la plus bête du monde, encore que ça se discute, n’oublions pas qu’elle peut être aussi la plus méchante.