Morts sur ordonnances

Dans le film de Jacques Rouffio sorti en 1975, ils étaient « sept morts sur ordonnance ». Si le projet de réforme du Code du travail est adopté, comme c’est probable, par le biais des ordonnances pour répondre à une supposée urgence, c’est à la mort d’un certain système social et à celle de la protection des salariés, à laquelle on risque d’assister. Vous n’avez pas aimé la loi travail numéro un, endossée par Myriam El-Khomri, vous allez adorer détester la loi travail numéro deux, qu’Emmanuel Macron rêvait déjà de faire passer, avant de démissionner théâtralement.

La mouture définitive de la loi sera sans doute légèrement différente de celle divulguée peut-être à dessein par Le Parisien, mais la philosophie générale ne devrait guère varier. Je soupçonne le gouvernement de mettre la barre très haut pour garder une marge de négociation sur des points secondaires, ou qu’il n’a jamais eu l’intention de conserver, pour permettre aux syndicats, disons, les plus accommodants, pour rester courtois, de faire valoir leur poids dans la négociation. De quoi s’agit-il principalement ? De faire droit à une vieille revendication du patronat, permettant de licencier plus facilement. Cette vieille lune se fonde sur une théorie qui n’a jamais pu être démontrée, et pour cause, selon laquelle plus il y a de protection sociale et moins il y a d’embauche. Un postulat battu en brèche par de nombreux économistes, mais qui a la vie dure.

On pourra toujours tourner autour du pot comme l’a fait la CFDT pour prôner davantage de démocratie directe en privilégiant les accords d’entreprise au détriment des accords de branche ou des réglementations nationales générales, le fond de l’affaire consiste à déséquilibrer le rapport de forces en faveur du patronat. Le Medef ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui applaudit des deux mains, tout en restant discret pour ne pas faire capoter l’affaire par une satisfaction trop visible. Après les amuse-bouche de la loi sur la moralisation de la vie publique, qui devrait passer comme une lettre à la poste avec un renouvellement massif des élus de la République, tous partis confondus, les affaires sérieuses devraient commencer à la rentrée. Quelle que soit la majorité parlementaire qui se dégagera des urnes, et même si le gouvernement est soutenu par une chambre introuvable comme certaines projections le laissent penser, le tour social et citoyen sera déterminant. On se souvient de la pétition contre la loi El-Khomri qui avait recueilli plus d’un million de signatures, on peut s’attendre à un succès encore plus massif de la nouvelle pétition qui est d’ores et déjà lancée. Ce qui explique la procédure antidémocratique choisie par le président de la République.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 06-06-2017 11:34
on était prévenu!!!
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