La maison brûle

Le sinistre bouffon que les Américains ont porté à la Maison-Blanche a encore frappé en annonçant le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique. Empêché sur le plan intérieur de mettre en place ses mesures discriminatoires contre les musulmans, empêtré dans ses mensonges et ses contradictions dans l’enquête visant l’influence russe sur son élection, menacé de destitution, Donald Trump a choisi le climat pour faire les frais de son autoritarisme capricieux et sa mégalomanie galopante.

Comme un enfant gâté parvenu à grand-peine au stade du « non », il a décidé de bafouer la parole donnée par son prédécesseur au nom de son pays, pour le plaisir de démontrer qu’il fait ce qu’il veut et détourner l’attention d’un début de mandat calamiteux en dépit de ses rodomontades. Il prétend défendre les intérêts américains, affirmant préférer les habitants de Pittsburgh à ceux de Paris. Cette politique de « l’Amérique d’abord » n’est pas sans rappeler une doctrine en vigueur dans la France des années 50, selon laquelle il fallait privilégier la Corrèze plutôt que le Zambèze. Ce qui à l’époque déjà n’avait aucun sens ni réalité politique, mais faisait formule. Les seuls Américains que Donald Trump va aider, ce sont les lobbyistes qui défendent les intérêts d’une corporation, celle de l’énergie carbonée, dont le déclin est inévitable, et certainement pas les habitants de Pittsburgh, dont le propre maire se désolidarise de son Président.

Il est fort inquiétant de constater qu’un aussi grand pays que les États-Unis est dirigé par un personnage aussi fantasque qui ne respecte pas les engagements pris avant son arrivée. Quel crédit peut-on accorder à sa parole, quel qu’en soit le domaine ? Les Européens n’auront-ils pas tout intérêt à s’unir pour ne plus dépendre en aucune façon d’un fantoche irresponsable, que ce soit pour leur défense comme pour leur politique commerciale ? La réponse d’Emmanuel Macron à la décision américaine a été sur ce plan exemplaire et irréprochable, et plutôt surprenante pour un ancien candidat très peu sensibilisé aux questions écologiques. Son discours m’a rappelé celui d’un autre président français prononcé à Johannesburg en 2002 lors du sommet de la Terre. La phrase introductive en est restée dans les mémoires : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ». Le discours prononcé par Jacques Chirac avait surpris par sa justesse de la part d’un président dont la conscience environnementale n’avait guère été visible au cours de son premier mandat, et qui s’empressera de remiser ses bonnes paroles dans les oubliettes des promesses non tenues. Espérons qu’Emmanuel Macron fera preuve de plus de constance dans ses engagements pour la mise en œuvre de la COP 21.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 02-06-2017 11:11
espérons surtout que les états unis comptent beaucoup de pompiers citoyens responsables qui tout seuls continueront à respecter les engagements pris destinés à les protéger aussi eux et leur descendants
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