Mayonnaise

Tous les cuisiniers vous le diront. Pour monter une mayonnaise « à l’ancienne », à la fourchette, il faut sortir l’œuf du réfrigérateur à l’avance, afin qu’il soit à la température ambiante, et incorporer l’huile très progressivement et par petites quantités pour éviter que l’émulsion ne retombe inexorablement et que tout soit gâché par une impatience de mauvais aloi. Le chef cuistot qui est à l’Élysée encore pour quelques jours est passé maître dans cet exercice. Souvenons-nous. Après avoir fermement cassé son œuf de la lutte contre la finance, son soi-disant ennemi, au Bourget, il a patiemment injecté de l’huile libérale dans son gouvernement, par petites touches.

La recette n’est pas nouvelle. Pour la pimenter un peu, il y a bien eu une pointe de sel, de poivre et de moutarde frondeuse pour relever le mélange, mais, curieusement, les Français n’ont pas reconnu le menu pour lequel ils avaient voté et se sont détournés, élection après élection, du chef qu’ils avaient plébiscité, en grande partie pour licencier le précédent cuisinier dont la bouffe était immangeable. Tout le problème consistait alors à permettre au marmiton en apprentissage d’être propulsé chef à la place du chef qui ne pouvait plus être chef. Vous suivez ? Là, il n’y a pas 36 solutions. Il faut recommencer une base de mayonnaise, bien ferme, et incorporer le précédent mélange qui était retombé, pour ne pas perdre toute cette huile précieuse, qu’on a quand même payée, d’une façon ou d’une autre.

Oui, mais il y a des clients-électeurs qui ne sont pas emballés par le petit nouveau qui ressemble tellement à l’ancien. Ils craignent que sous des allures de nouvelle cuisine on leur serve la même tambouille, en plus petite quantité. C’est pourquoi il faut faire mousser une autre sorte de sauce en agitant la menace Le Pen et en laissant entendre que rien n’est joué. Une manière commode pour l’ex-chef de justifier son soutien au gâte-sauce qui lui a volé sa recette sans la moindre vergogne. Quitte à démontrer au passage une contradiction supplémentaire : dénoncer le Front national et appeler à lui barrer le passage, tout en invitant sa candidate, ainsi que le petit mitron, à participer à l’hommage national au policier tué dans l’attentat des Champs-Élysées. Il en est même qui insinuent qu’à force de proposer de la malbouffe aux Français, on les a habitués au régime fast food et il ne faut pas s’étonner qu’ils soient prêts à ingurgiter n’importe quoi, sous prétexte qu’il faudrait goûter à tout. C’est curieux, mais à force, je crois qu’ils m’ont coupé l’appétit.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 26-04-2017 10:44
depuis le temps que j'ai envie de vomir je commence enfin à comprendre pourquoi...je crois que je vais me mettre à la diète pour un moment, avec un "poulet" blanc"
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