Lenteur et précipitation

Par un phénomène d’association que je ne chercherai pas à analyser, il m’est revenu en mémoire un de ces ouvrages de littérature qui marquent suffisamment pour qu’on s’en souvienne des années plus tard, il s’agit de « la découverte de la lenteur » de Sten Nadolny.

Ce récit qui tient du conte philosophique est très largement inspiré par la vie de John Franklin qui possédait le défaut de tout faire avec une extrême lenteur au point d’être la risée de son entourage. Cependant grâce à cette capacité extrême de réflexion et d’observation, il devint un des plus grands navigateurs de la Marine britannique explorant l’Australie, gouvernant la Tasmanie…

Je suis donc largement interpellée par ce qui est souvent pris pour une tare, faire les choses avec lenteur ! On sait bien que la tortue est vainqueur sur le lièvre, mais dans notre vie moderne on a un peu oublié la morale de cette fable.

Kundera dans son livre « la lenteur » en a fait lui aussi l’éloge et il accuse la vitesse d’être « la forme d’extase dont la révolution technique a fait cadeau à l’homme ».

Certes, il est tentant d’utiliser tous les moyens à notre disposition pour aller vite, c’est agréable d’être en deux heures en Italie, et sans revenir aux diligences, le temps qu’on a gagné nous a fait perdre des découvertes, appréciables seulement depuis le plancher des vaches, sans compter les rencontres qu’on n’a pas faites !

Dans notre société actuelle qui prône la super activité dès le plus jeune âge on en arrive au fait qu’il faut chercher des justificatifs à la lenteur pour qu’elle se fasse accepter, elle est souvent entendue comme une option réactionnaire à la référence d’un avant forcément meilleur.

Paradoxalement à un moment de la vie où le temps est compté, au lieu de prendre son temps pour goûter, apprécier les situations ou les actions qui nous restent encore possibles à investir, on s’aperçoit que l’on déplore notre lenteur à occuper le quotidien. À la réflexion, c’est peut-être une forme de sagesse que notre corps et notre esprit nous imposent : faire moins de choses bien sûr, mais les faire mieux, prendre le temps de les apprécier, être à l’écoute de nos besoins, remettre de l’équilibre dans notre vie, écouter, faire une chose à la fois, mais à fond, profiter des autres…

Arrêter de culpabiliser d’être lent, de considérer la lenteur comme un signe de sénilité, mais plutôt comme une faculté pour être plus efficace, car on prend le temps de réflexion et du recul, on respecte son propre rythme, on va à l’essentiel en laissant à plus tard ce qui est moins urgent (procrastination positive).

Voilà de bons conseils, que je vais essayer de suivre moi-même, et décider de transmettre à ma descendance. À l’image du Québec, pourquoi ne pas instaurer « la journée de la lenteur » qui redore leur blason aux escargots et aux tortues et vive le plaisir de glander, traîner, buller, lézarder et autres plaisirs qui disent m… à la vitesse !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 poucette 23-04-2017 10:33
avec cette philosophie je vais être championne ! !! !mais quand même je trouve que je finis par ne pas faire grand chose . . .il reste à relativiser
en pensant à ceux qui pourraient faire plus.bises
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