Inévitables attentes

Ce qui a éveillé mon intérêt pour ce concept d’attente, c’est l’état que connaissent actuellement de nombreux citoyens, qui se demandent comme moi qui sera le maître de leur destin le 7 mai et sont dans l’attente de ce que l’on appelle le verdict populaire.

L’attente, c’est un état complexe rempli d’incertitudes, de désir, de crainte, d’impatience, de colère et d’ennui, autant de ressentis qui se succèdent et se mêlent. C’est l’intervalle, le vide, entre la prévision et l’événement ou l’action qui laisse la place aux états définis ci-dessus.

L’incertitude est toujours présente, car plusieurs possibilités sont ouvertes, l’avenir n’étant pas donné, on ne peut écarter l’inattendu. La crainte dans l’attente est embarrassante, son issue peut être redoutée ou désirée. Celle de l’élection possible de Marine Le Pen à la tête de l’État est partagée par de nombreux citoyens. L’impatience habite souvent l’attente, bien qu’il puisse y avoir des attentes patientes quand on est assez sage pour savoir la tromper par tout moyen à notre disposition. En s’échappant dans la rêverie par exemple, en se concentrant sur une occupation qui détourne un moment notre attention de cet état désagréable, cela confère une certaine utilité chez les praticiens de la santé, aux magazines people, dont la lecture nous permet de ronger notre frein ! On est alors souvent en colère face à la lenteur des responsables de la crise. On a tous connu ces situations crispantes lors de la consultation d’un personnel médical, on dit d’ailleurs que c’est à cause du temps passé dans les salles d’attente que les malades sont devenus des patients !

L’ennui, évidemment, est inséparable de l’impatience, à cause de l’inaction qui nous est imposée.

L’angoisse trouve aussi sa place dans l’attente, quoi de plus terrible que cet espace-temps laissé vacant entre un examen et le verdict, ou entre le temps de la question posée et celui de la réponse.

Très souvent, on essaie de meubler l’attente en essayant de faire parler les signes qui pourraient donner la clé de son issue, calmant ainsi inquiétudes et impatience, en faisant des sondages par exemple comme cela se fait actuellement. C’est un essai maladroit, car tout dépend de la fiabilité de la crédibilité qu’on y accorde ! C’est comme si l’on nous donnait un os à ronger en attendant le verdict final.

Mon titre,  « inévitables attentes », est là aussi pour illustrer le sort de l’humain, qui depuis le jour de sa naissance est voué à attendre le pire moment de sa vie : sa mort. C’est un problème existentiel que chacun résout à sa façon en habitant de façon plus ou moins harmonieuse cette longue attente pour l’apprivoiser. Le paradoxe de cette situation c’est qu’elle génère un antidote à l’angoisse qu’elle a ouverte car « si j’attends c’est que j’existe », et rien n’est donc pire dans la vie que de ne pas avoir d’attentes.

L’invitée du dimanche