Travail au black

Trop, c’est trop ! Mamadou a décidé de porter plainte, avec ses deux camarades, contrôlés comme lui au retour d’une sortie scolaire en compagnie des autres élèves de la classe de terminale du lycée professionnel qu’il fréquente. Ce n’est sûrement pas la première fois qu’il se fait contrôler par la police, mais cette fois le hasard ne peut pas y être pour grand-chose. Sur les 18 élèves que compte la classe, trois des garçons sur cinq ont été fouillés et ils sont noirs. Leurs valises ont été ouvertes sur le trottoir et ils ont subi une fouille au corps devant leurs camarades.

Rien dans l’attitude ou le comportement de ces trois jeunes, Mamadou, Ilyas et Zakaria, ne fournissait le moindre prétexte à suspecter quelque délit que ce soit, et d’ailleurs, les policiers n’ont rien trouvé de particulier, ni de répréhensible sur eux ou dans leurs bagages. Leur professeure a tenté d’intervenir pour leur éviter cette humiliation publique, sans le moindre succès. Elle-même précise qu’en qualité de femme, et blanche de surcroît, elle n’a jamais subi de contrôle policier. Elle a essayé de porter plainte dans un commissariat, mais a dû se contenter d’une main courante, les policiers refusant de charger des confrères. C’est pourquoi Mamadou et ses deux camarades ont décidé de faire appel à un avocat spécialisé dans les affaires de contrôle au faciès afin de déposer une plainte en bonne et due forme contre l’état français, qui permet, et souvent couvre, de tels agissements, comme dans l’affaire « Théo », toujours en cours.

Ce fait divers se suffirait en lui-même comme motif de pousser un bon coup de gueule sur la lenteur des progrès de l’antiracisme, mais il m’a permis de mettre au jour un autre phénomène. En tapant une recherche sur ce site auquel je ne souhaite pas faire de publicité, Google (oups ! je l’ai dit) je suis tombé sur des résultats inattendus. Notamment, une réponse mentionnait le sujet comme traité sur le site « fdesouche », notoirement connu pour ses positions d’extrême droite. À l’adresse indiquée, un entrefilet concernant l’affaire de Mamadou, naturellement, mais aussi de la propagande anti-islamiste. Même punition et même motif pour un autre site, « islamisme.fr ». Ces petits malins sont visiblement à l’affut des informations susceptibles de faire du clic et en profitent pour placer leur camelote même quand elle contredit le sujet qui a permis d’accrocher l’internaute. Cette pratique est courante sur le site d’info en continu, RT, dont beaucoup ignorent la signification des initiales, celles de Russia Today, et qui relaie en français les positions du gouvernement de Monsieur Poutine. Ça va mieux en le disant.