Cachez ce sein

Que je ne saurais voir. C’est à peine croyable, mais des policiers du 2e arrondissement de Paris ont interdit à une mère d’allaiter son enfant en public en tentant de la culpabiliser par une formule définitive : « vous n’allez quand même pas imposer ça aux gens ». Imposer quoi ? L’image fugace d’un sein sorti et aussitôt caché par le nourrisson qui réclame sa tétée ? Entre nous, qui est-ce que ça dérange vraiment ? Qui voit dans cet acte simple et naturel un symbole sexualisé ? Où est la perversité sinon dans le regard des quelques Tartuffes qui feignent de s’offusquer de cette situation.

Il faut préciser que le couple qui attendait son tour avec son enfant de 2 mois devant le commissariat pour établir une procuration de vote n’a pas cherché à forcer la main des policiers. La mère a demandé un local pour donner le sein discrètement, il ne s’agit nullement de militants pro allaitement cherchant à faire un esclandre, mais simplement de personnes n’ayant pas anticipé la file d’attente et les contraintes de Vigipirate, et surtout la vigoureuse demande de leur enfant. Leur mésaventure a été publiée sur Internet et une pétition a été lancée pour réclamer l’exercice de ce droit, qui n’est pas légalement interdit en tant que tel. La seule justification à l’attitude des policiers serait de considérer l’allaitement comme une forme d’exhibitionnisme sur la voie publique, ce qui n’est évidemment pas le cas.

C’est d’autant plus curieux que la société préconise par ailleurs l’allaitement maternel et le valorise, sans en donner toujours les moyens matériels. S’il s’agit de morale ou d’ordre public, les campagnes d’affichage des publicitaires qui utilisent le corps des femmes comme argument de vente sont autrement plus suggestives, et font l’objet de plaintes régulières et justifiées de la part des organisations féministes. Souvenons-nous des « culs de bus » parisiens où une jeune personne dépourvue de haut de maillot de bain nous promettait d’enlever prochainement le bas. C’était en 1981, et depuis, la situation n’a fait que croître et prospérer. Que ce soit dans les couloirs du métro ou sur les panneaux d’affichage en grand format, les femmes sont toujours utilisées comme supports publicitaires sans que le moindre policier s’indigne que l’on impose « ça » aux gens. La préfecture de police n’a pas encore réagi officiellement devant ce qui pourrait passer pour un excès de zèle, pas plus que le maire d’arrondissement, dont on peut supposer la bienveillance a priori puisqu’il fait partie d’Europe-écologie les-verts. Un peu de bon sens ne saurait nuire en ce genre de circonstance.

Commentaires  

#1 poucette 14-04-2017 11:04
c'est difficile de commenter la bêtise
humaine...ce qui m'étonne c'est qu'il n'y ai pas eu de réaction des personnes présentes pour contrer le zèle imbécile du flic
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