Au diable l’avarice

Marine Le Pen se donne beaucoup de mal pour dé diaboliser le Front national en tentant de faire oublier les positions outrancières de son père, qui ne ratait pas une occasion de parler de détail de l’Histoire à propos des chambres à gaz nazies. Ses efforts semblent rencontrer un certain succès si l’on en juge par les sondages qui la montrent régulièrement qualifiée pour le second tour des élections présidentielles. D’ailleurs, ses affiches de campagne évitent soigneusement toute mention du parti qui la présente et dont elle est la présidente.

Les militants et sympathisants de Marine Le Pen doivent respecter un certain code vestimentaire : pas question, par exemple, de se présenter avec le crâne rasé, qui risquerait d’effaroucher le bon peuple qui a rejoint ses rangs, abusé par une propagande populiste. Pour faire bonne mesure, après avoir évincé le père, elle s’applique à ne laisser qu’un rôle marginal à sa nièce, dont les positions sont un peu trop tranchées à son goût. Par ailleurs, l’ennemi désigné n’est plus le juif, mais le musulman, nécessairement terroriste, ou assimilé, et dont la religion et la culture ne seraient pas compatibles avec les règles de la république. C’est pourquoi une des dernières déclarations de la candidate à propos de la rafle du Vel d’Hiv'  a surpris, sinon choqué, en laissant penser que le naturel avait fait son retour au galop après avoir été soigneusement chassé. Marine Le Pen a nié que la France ait été responsable de cet évènement infamant, alors que le Président Chirac avait reconnu solennellement l’implication de l’état français, alors dirigé par le maréchal Pétain. Que cela plaise ou non à Madame Le Pen, nous sommes comptables des actions de la France quels que soient les régimes qui l’ont traversée, que ce soit Napoléon, Clovis ou l’un quelconque des présidents des différentes républiques, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

Ce pourrait bien être la première erreur de la candidate qui s’était gardée jusqu’ici de sortir d’une ligne de conduite destinée à n’effrayer personne et attirer le plus largement possible. Le conseil représentatif des institutions juives ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui a aussitôt condamné ces propos jugés révisionnistes, voire négationnistes. Marine Le Pen elle-même, ainsi que sa garde rapprochée s’est efforcée de minimiser la portée de ces propos en essayant de jouer sur les mots. Pour autant que l’on puisse en juger, ce genre de bévue, pas plus que les casseroles dont elle est abondamment pourvue, ne semble avoir d’influence déterminante sur son électorat, qui semble très déterminé. Un léger tassement dans les sondages, qui reste à confirmer et c’est à peu près tout. Mais, qui sait ? La vérité pourrait finir par l’emporter.