Remboursez !

Une militante marseillaise a déposé une plainte pour abus de confiance contre le Parti socialiste et la Haute autorité des primaires, à la suite de la décision de Manuel Valls de voter pour Emmanuel Macron, à l’encontre de son engagement à soutenir le candidat élu en cas de défaite de sa part. Si aucune sanction n’est prise, elle demande le remboursement de ses deux euros, destinés à financer les élections primaires, qu’elle a payés rubis sur l’ongle pour les deux tours et dont elle s’estime spoliée. Je ne suis pas loin de partager son sentiment.

L’argumentation de l’ancien premier ministre est très spécieuse. Il prétend vouloir faire barrage au Front national par sa trahison. N’importe quel vote autre que FN remplit cet objectif. Il n’a tout simplement pas le courage d’assumer sa position en démissionnant du parti qui l’a fait, à qui il doit tout, et dont il ne représente qu’une petite minorité. Il n’est d’ailleurs pas le seul à avoir préféré l’opportunisme à la clarté. Cela ne constitue en rien une excuse, mais qui me remboursera des espoirs déçus ? Quand François Hollande a remporté l’élection en 2012, ce qui a fait la différence, c’est le discours du Bourget et la promesse qu’on allait enfin faire payer les riches. Un engagement aussitôt démenti par la politique suivie pendant le quinquennat, largement inspirée par celui qui crache désormais dans la soupe, en se prétendant au-dessus des partis, et dont le renouvellement se limite pour l’instant au recyclage des anciennes figures du passé.

Ce n’est malheureusement pas la première fois que l’on me fait le coup de la rigueur après avoir fait miroiter monts et merveilles, grands soirs et petits matins triomphants. J’ai le douteux privilège d’avoir cru à un avenir meilleur en mai 1968, quand la révolution naissante a été confisquée par la nomenclature, entrainant sa perte et la reprise en mains par la bourgeoisie frileuse. J’étais encore là en mai 1981, lorsque la gauche unie a porté François Mitterrand au pouvoir, et que les premières mesures gouvernementales nous ont fait croire au changement avant d’être cruellement démenties. De longues traversées du désert plus tard, à peine interrompues par de rares oasis, me voici devant les caprices de quelques apprentis sorciers, qui galvaudent l’héritage de Blum et de Jaurès, pareils à ces enfants gâtés qui préfèrent détruire leur jouet plutôt que de le laisser à quelqu’un d’autre. Qu’ils aillent jouer plus loin, avec leurs semblables, et laissent le peuple de gauche reconstruire des structures qui lui permettront de faire entendre à nouveau sa voix et défendre un idéal de justice sociale. Et qu’ils gardent les deux euros, je n’en fais pas une affaire.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 01-04-2017 11:14
le constat que tu fais es tellement douloureux que j'en ai pleuré , je ne sais pas si je peux encore croire à des lendemains qui chanteraient
jacotte
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