Retour vers le futur 4

C’est le serpent de mer de l’industrie cinématographique. Après le succès de la trilogie de Zemekis débutée en 1985, de nombreux fans attendent et espèrent la sortie d’un quatrième volet des aventures du collégien Marty et du savant fou qui a mis au point le voyage temporel permettant d’influencer l’avenir en remontant vers le passé. Alors que plusieurs candidats à l’élection présidentielle préconisent l’avènement d’une 6e république qui romprait radicalement avec les pratiques de la 5e héritée du gaullisme, tout porte à croire à un retour à la 4e république, dominée par l’instabilité et les combinaisons.

La constitution de 1958 avait été coupée sur mesure pour le général de Gaulle, taille grand patron, et reposait sur le prestige d’un président sauveur, renforcé par sa désignation au suffrage universel direct. Le costume s’est révélé trop grand pour la plupart de ses successeurs, à l’exception peut-être de François Mitterrand, qui l’avait pourtant combattu de toutes ses forces. Bon an mal an, et au prix de quelques cohabitations, le système s’est maintenu en l’état, le président assurant une certaine continuité de la nation tandis que les affaires courantes étaient expédiées par les gouvernements et leur Premier ministre. Le passage au quinquennat et la concordance des élections présidentielles et législatives ont instauré le principe de la prééminence du président et du soutien par une majorité acquise à sa cause. Un principe battu en brèche par l’existence d’une fronde à l’intérieur de la majorité, et qui va trouver son exaspération par le système des primaires ouvertes, adopté par la plupart des formations politiques.

Pour gagner les primaires, l’expérience a démontré qu’il fallait adopter des positions radicales afin de mobiliser le noyau dur de sa formation et de l’opinion la plus proche de ses idées. À droite comme à gauche, le ralliement au candidat arrivé en tête ne va pas de soi et l’exercice délicat des compromis concernant le programme préfigure les difficultés qui s’annoncent pour le mettre en œuvre. Pour les candidats qui ne sont pas issus de primaires, l’exercice risque d’être encore plus compliqué et de nécessiter des alliances de circonstance, comme on a pu en voir fleurir aux plus beaux jours de la 4e république. Avec quels députés Emmanuel Macron, s’il venait à être élu, pourrait-il gouverner ? Pire encore, s’il s’agissait de Marine Le Pen, ce qu’à Allah ne plaise, alors que les trois quarts des Français ne souscrivent pas à ses funestes projets ? De nos jours, on ne trouve plus de candidat capable de rassembler spontanément sur son nom de majorité positive en sa faveur, et l’on en est réduit à désigner celui qui sera moins rejeté que les autres, comme au bon vieux temps de la quatrième. Ou comment faire du vieux avec du neuf.