L’ami prodigieux

Dimanche dernier, mon invitée faisait ici même l’éloge du roman d’Elena Ferrante, « l’amie prodigieuse », qui lui semblait raconter sa propre histoire. Eh bien, j’ai un scoop, qui est de nature à vous étonner : le président Donald Trump aurait un ami. Si, si ! et même un ami prodigieux, dans la mesure où rester ami d’un mégalomane paranoïaque est déjà un exploit en soi. Afin que nul n’en ignore, cet ami porte un nom, ou du moins un prénom, ce qui est suffisant pour lui donner une personnalité crédible.

Autant vous le révéler tout de suite, de la même façon que Madame Bovary n’était autre que Gustave Flaubert, je soupçonne fortement l’ami Jim d’être un alias pour désigner le président Trump en personne, afin de lui faire tenir des propos qu’il n’a pas le courage d’assumer en son nom. Car cet ami américain prétend que Paris n’est plus Paris et qu’il n’a plus envie d’y retourner à cause des attentats qui s’y sont déroulés. Jim, hein ! parce que Donald, lui, n’a peur de rien, c’est bien connu. Même pas de dire une grosse bêtise, comme il le fait régulièrement depuis qu’il a lancé sa campagne et encore plus une fois qu’il a été élu.

Alors je me suis demandé qui avait pu inspirer ce personnage de Jim, derrière lequel s’est abrité le président Trump pour attaquer sournoisement la France et les Français, qui, il faut le reconnaître, l’ont tant raillé sur sa coiffure improbable et ses idées inavouables. Alors peut-être faut-il songer au héros de Joseph Conrad, Lord Jim, un personnage fort en gueule, courageux en déclarations et couard en actions, rongé par le remord d’avoir abandonné son navire en pleine tempête, un peu comme Francesco Schettino, qui a sauvé sa peau sans se préoccuper du sort des passagers du Costa Concordia en 2012. Non, trop littéraire. Ça ne colle pas avec le profil de Donald. Ou alors, plus connu, peut-être a-t-il vu le film de Truffault, Jules et Jim, et s’est-il identifié à l’un, voire aux deux personnages masculins ? Pas son genre, de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit. Ce serait plutôt l’indépendante Jeanne Moreau, refusant de choisir entre ses prétendants, qui l’aurait entraîné dans le tourbillon de la vie. Quel qu’il soit, cet ami américain s’est révélé bien pratique pour endosser la responsabilité des énormes bêtises que pense le président Trump. C’est sûrement lui qui a soufflé à son ami l’idée de l’attentat fantôme qui aurait touché la Suède, afin de dénoncer la politique d’accueil des réfugiés. Il faudrait que Donald intime d’urgence à Jim d’arrêter de croire et de répéter tous les bobards diffusés sur sa chaine préférée, Fox news. Conseil d’ami.

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-02-2017 11:18
notre "ami" Donald serait-il bipolaire? schizophrène ? ou les deux....le dédoublement de personnalité s'il était prouvé pourrait bien faire appliquer "l'empechment" puisqu'il est question de l'accuser de maladie mentale. Vas y Donald continue à débloquer...
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