Le bus et le combi

C’est aujourd’hui que François Bayrou va mettre un terme au suspense insoutenable qui entoure sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle. Cela fait déjà longtemps que le président du Modem laisse planer un doute sur sa participation éventuelle. On se souvient de son soutien à Alain Juppé pour les primaires de la droite et du centre. Il laissait comprendre qu’il « n’irait pas » si son poulain l’emportait, mais qu’il se réservait le droit de concourir dans le cas contraire. Le « pénélopegate » a rebattu les cartes et François Bayrou s’est donné jusqu’à aujourd’hui pour annoncer sa décision.

Pour une fois, rien n’a filtré et les observateurs, dont je suis, en sont réduits aux conjectures. Après la non-candidature surprise de François Hollande, il est difficile de se risquer à faire un pronostic qui ne serait pas immédiatement démenti par les faits. La récente interview télévisée du maire de Pau ferait pourtant pencher la balance vers une 4e candidature, malgré la tentation Macron, qui chasse sur les mêmes terres que lui, mais qui pour l’instant se complait dans un superbe isolement, ne voulant rien promettre à aucun des « représentants du système établi » de crainte de se couper d’une partie de son électorat. Il parait donc probable que François Bayrou, après l’avoir soigneusement révisé, redonne du service au fameux bus au colza qui lui avait servi à lancer sa première campagne présidentielle de 2002. Coïncidence troublante, il acterait ainsi sa divergence avec l’ancien ministre dont le principal titre de gloire a consisté à relancer le transport routier des voyageurs au moyen des fameux autocars Macron, seule véritable réussite de son passage au gouvernement.

Cette annonce, prévue à 16 h 30 ce mercredi, sera faite au lendemain de celle de la retraite politique de Jean-Marc Ayrault, actuel ministre des Affaires étrangères après avoir été Premier ministre, député, maire de Saint-Herblain puis de Nantes. À 67 ans, il ne briguera plus aucun mandat, ce qui, de mon point de vue, est à porter à son crédit, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur son action politique. Quand on prône l’abaissement de l’âge de la retraite, il n’est pas mauvais de s’appliquer ce principe à soi-même. J’imagine que Jean-Marc Ayrault va pouvoir ressortir le fameux combi Volkswagen de sa jeunesse, dans lequel il était réputé partir en vacances, même après avoir connu la célébrité politique. C’est cette simplicité qui l’avait rendu populaire dans sa région et qui ne sera jamais démentie, jusque dans cette décision de raccrocher les gants. Nous saurons ce soir si François Bayrou aura choisi le bus, l’autocar, ou le combi.