Je l’ai pas fait exprès

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le vendredi 10 février 2017 10:54
Écrit par Claude Séné

Qui n’a pas déjà entendu cette excuse naïve d’un enfant de maternelle pour essayer de se disculper d’une faute ou d’une entorse au règlement ? Dans la bouche d’un enfant de trois ou quatre ans, la formule peut sembler amusante, voire attendrissante, à condition toutefois que son comportement n’ait pas eu de conséquences trop néfastes. Quand il s’agit d’un adulte, on aurait tendance, et à juste raison, à ne plus accepter de telles justifications. S’être dopé « à l’insu de son plein gré » a valu à Richard Virenque force quolibets sans pour autant l’exonérer de ses responsabilités.

Quand il s’agit de personnes détentrices d’une autorité, il est hors de question d’admettre cet argument de faute involontaire. J’ai personnellement beaucoup de mal à croire ce que prétend l’IGPN, selon laquelle le policier d’Aulnay-sous-Bois aurait perforé « involontairement » le rectum de Théo au cours de son arrestation. Si tel était néanmoins le cas, ce qui est démenti par la victime et les observations de ceux qui l’ont examiné, ce ne serait nullement une excuse. Que penser d’un fonctionnaire de police incapable de maitriser l’usage d’une simple matraque et qui dispose d’armes autrement plus dangereuses ? À l’évidence ce policier devrait être affecté à d’autres tâches que de faire régner l’ordre dans un quartier difficile. Maintenant que le mal est fait, il est urgent d’examiner les faits sous l’angle de la justice de droit commun et de lui appliquer la même célérité qu’aux manifestants venus protester contre ce comportement et qui ont été jugés en comparution immédiate. Les bœufs-carottes pourront toujours prendre acte des conclusions de l’enquête pour décider des sanctions administratives nécessaires par la suite.

Ce comportement irresponsable et ces débordements inadmissibles ont fâcheusement inspiré Nicolas Canteloup et les auteurs qui travaillent pour lui. L’imitateur s’est fendu d’un sketch homophobe dont le producteur a reconnu qu’il était malvenu et de surcroît pas drôle, ce qui n’arrange rien. Toutefois, lui aussi a qualifié cette erreur d’involontaire, comme si ça suffisait à le mettre hors de cause. Nous n’allons pas tarder à entendre les politiques ou les responsables de tout poil mettre leurs échecs sur le compte de la malchance, ce qui a d’ailleurs déjà commencé. Je vous déconseille toutefois de tenter le coup dans vos relations avec l’administration. Si vous laissez passer la date du tiers provisionnel de façon totalement involontaire, ne comptez sur aucune indulgence et préparez-vous à acquitter les 10 % supplémentaires. Il en ira de même avec la ceinture de sécurité ou le respect de la limite de vitesse, mais, après tout, vous n’êtes que de simples citoyens, si je ne m’abuse, et vous êtes censés ne pas ignorer la loi.