Argent trop cher

Le groupe « Téléphone » le chantait déjà dans les années 80, cet argent trop cher. Il ne savait pas à quel point cette formule pourrait s’appliquer à la situation politique en 2017, et tout particulièrement à celle du candidat de la droite et de moins en moins du centre. De l’argent, certes il en faut pour se lancer dans une campagne présidentielle, mais la découverte de son rôle prépondérant pour celui qui a basé toute sa stratégie sur son image d’incorruptible, en opposition avec son mentor englué dans le bling-bling et les « affaires » a jeté comme un froid.

Et cet argent risque de coûter très cher au candidat. Que le travail de Mme Fillon ait été effectif ou non, ce sera à la justice d’en décider. On a quand même la nette impression que les sommes faramineuses qu’il a dégagées ont permis de faire bouillir la marmite du couple sur un grand pied, si j’ose cette formule. Nous en étions restés à près d’un million d’euros entre le salaire d’attachée parlementaire et celui de collaboratrice littéraire, et voilà qu’il faut y ajouter des indemnités de licenciement, sur lesquelles François Fillon ergote en contestant les montants versés, mais non la réalité. Sa tentative désespérée de se disculper repose sur une contradiction flagrante puisqu’il s’excuse auprès des Français en maintenant n’avoir rien fait d’illégal. Ce qui apparait, c’est que François Fillon est très loin d’être désintéressé et aussi éloigné des questions d’argent qu’il voulait bien le laisser croire.

Et la dernière révélation sur un possible conflit d’intérêts au sujet de l’assureur AXA ne fait que confirmer ces soupçons. On y apprend que François Fillon, unique salarié de sa société 2Fconseil, a perçu du groupe AXA une somme de 200 000 euros. En 3 ans, la société a eu un chiffre d’affaires confortable de un million d’euros, pour des activités de conférences, de conseil ou de lobbying pur et simple. Imagine-t-on le général de Gaulle allant servir la soupe aux assureurs et aux banquiers pour obtenir leur soutien financier et leur promettre un maroquin ou des contrats juteux ? Naturellement non, pas plus que « tante Yvonne » assurant le secrétariat de l’Élysée ou de Colombey-les-deux-églises moyennant un salaire de complaisance. Lui qui se réclamait du gaullisme ne semble pas avoir repris dans l’héritage la probité poussée jusqu’aux moindres détails de son modèle, qui tenait à régler lui-même ses dépenses personnelles les plus menues. À ce petit jeu, François Fillon va probablement y perdre son crédit, et en politique, il n’est pas renouvelable.