Étonnez-moi Benoit

C’était le titre d’une chanson interprétée en 1968 par Françoise Hardy, dont le texte était signé par Patrick Modiano, excusez du peu. Je ne résiste pas à l’envie d’en citer quelques extraits : « Étonnez-moi, Benoit, marchez sur les mains… étonnez-moi, Benoit, faites-moi le grand soleil, faites sonner le réveil… étonnez-moi, car de vous à moi, cela ne peut pas… durer comme ça… » Je ne sais pas si ces paroles ont été écrites avant ou après les évènements du mois de mai, mais elles résonnent avec l’air du temps de l’époque.

Depuis que Benoit Hamon a été désigné comme candidat du PS et de ses alliés, au grand étonnement des caciques qui avaient déjà choisi Manuel Valls pour les loyalistes et Emmanuel Macron pour les opportunistes, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est attendu au tournant. Ceux-là mêmes qui l’adjuraient de s’engager à soutenir leur poulain s’il arrivait en tête trouvent mille prétextes pour se soustraire à cette obligation, dès lors qu’elle s’exercerait dans l’autre sens, faisant preuve d’un sens du fair-play très particulier. La variante consiste à sommer Benoit Hamon de soutenir la politique gouvernementale dont il s’est désolidarisé, maintenant que les électeurs de la primaire ont validé son choix. Un des principaux arguments invoqués pour faire jouer leur « clause de conscience », c’est la crainte de faire naitre des espoirs impossibles amenant à une inévitable déception en cas d’élection. Serait-ce une reconnaissance tardive de l’insincérité des promesses de campagne qu’ils ont ardemment défendues avant de les abandonner pendant l’exercice du pouvoir ?

S’il s’agit de continuer une politique « réaliste » pour favoriser ceux qui ont déjà la plus grosse part du gâteau, autant laisser la droite s’en occuper, elle fait ça depuis toujours. La force de Benoit Hamon, qui lui a permis de remporter cette primaire, c’est précisément d’apporter un peu de sang neuf avec des propositions dont on peut discuter, mais qui ont le mérite d’exister, et ne sont pas aussi utopiques que ses adversaires veulent bien le dire. Le seul argument de la nouveauté est bien entendu insuffisant, comme on peut en juger avec le « programme » de Macron, qui se contente d’un relooking extrême pour habiller de neuf de vieilles lunes sous couvert de modernité et de nouvelles technologies. Il faut que le contenu lui aussi soit réellement novateur, et surtout qu’il aille vers un objectif de justice sociale, qui a toujours été la marque de fabrique de la gauche, bien qu’elle l’ait parfois oublié. Qui sait, le petit « Ben », comme l’ont surnommé les Bretons, n’a peut-être pas fini de nous étonner.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-02-2017 11:47
on attend que cela, on se prend à s'autoriser à accepter les rêves impossibles...
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