Promis, demain, j’arrête

C’est vrai, ça. Il y en a marre de tous ces sondages qui ne veulent rien dire. On n’a aucune idée de leur fiabilité, au point que la seule véritable surprise, ce serait qu’il n’y en ait pas. Quand on a vu à quel point les sondeurs ont pu se tromper, et nous avec eux, on ne peut que se montrer pour le moins circonspect sur les résultats annoncés. Faut-il en arriver à des décisions définitives telles que celle du Parisien de ne plus faire de sondage du tout pour les prochaines présidentielles ?

Ne plus commander de sondage n’interdit pas de commenter ceux des autres, et je vois mal un quotidien populaire se passer de cette information, même si c’est pour la critiquer et se draper dans sa dignité et son impartialité, toute relative. Ce qui est reproché aux sondages, en dehors de la fragilité de leur valeur prédictive, c’est de jouer le rôle de prophétie autoréalisatrice. L’opinion serait manipulée et les gens auraient tendance à vouloir « voter utile » en accordant leurs suffrages aux candidats ayant le plus de chances de l’emporter. Mais ça, c’était avant. Avant Trump, avant le Brexit, avant les primaires de la droite. Tout se passe comme si les électeurs prenaient un malin plaisir à déjouer les pronostics en donnant leurs voix aux outsiders, au détriment des favoris. Au point qu’un Benoît Hamon, non sans une pointe d’humour, commentait sa percée dans les intentions de vote pour la primaire en s’en félicitant, certes, mais en souhaitant ne pas endosser trop tôt le costume de favori. Sur ce point, il peut être rassuré. Il est encore assez loin derrière Manuel Valls, et le gagnant de la primaire, quel qu’il soit, est pour l’instant donné battu au premier tour, quel que soit le cas de figure.

Vous voyez, moi aussi, je n’y échappe pas. On a beau savoir que la marge d’erreur est énorme, que les intentions déclarées ne sont pas forcément suivies d’effet dans l’isoloir, que les évènements et la campagne électorale peuvent faire basculer l’opinion dans un sens ou dans l’autre jusqu’au dernier moment, on ne peut pas s’empêcher de considérer les grandes tendances mesurées par les sondages comme des indications sur les probabilités du choix des Français. À part une épidémie de grippe qui toucherait spécifiquement la classe politique du fait de la promiscuité, on voit mal comment un Nicolas Dupont-Aignan, par exemple, pourrait émerger de la mêlée et remporter l’élection présidentielle contre toute attente, même si lui feint d’y croire dur comme fer. Mais demain, j’arrête, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.