Le « zentil » dictateur

Pas un mot plus haut que l’autre, « Bassar », avec son « seveu » sur la langue et son anglais impeccable acquis sur le tas pendant sa spécialisation en ophtalmologie à Londres, où il était considéré par son mentor anglais comme « gentil » et « sympathique ». Il parait qu’Adolf Hitler était charmant en privé. Qu’il était affectueux avec sa chienne Blondi, un berger allemand. On ne va quand même pas aller lui chercher des poux sur la tête sous prétexte qu’il a organisé l’extermination de quelques millions de Juifs et déclenché une guerre mondiale.

Et que nous dit cet aimable autocrate, en répondant complaisamment à une interview demandée par des médias français ? En gros, que la guerre, c’est mal, mais qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, et que ce n’est pas de sa faute. Lui, il ne demandait qu’à continuer tranquillement à opprimer son peuple, à réprimer toute tentative de libéralisation, à empêcher les journalistes de dire la vérité et les citoyens d’exercer leurs droits fondamentaux. Cela faisait 15 ans que ça durait et avant lui, c’était son père, Hafez, qui appliquait les mêmes recettes sans que quiconque ose y trouver quoi que ce soit à redire. Bachar va même plus loin. Il est aussi innocent que l’agneau de la fable : c’est un vrai démocrate, pacifiste et populaire. Oubliés les crimes de guerre et l’utilisation des armes chimiques en violation de tous les traités internationaux. Encore plus fort, les morts causées par la guerre du Golfe ou l’intervention alliée en Libye justifieraient les victimes du conflit en Syrie. Enfin, l’argument imparable : son élection « libre » avec 88 % des suffrages des citoyens qui n’avaient pas fui les combats. Il fait mieux que son allié Wladimir, mais moins bien que la plupart des dictateurs africains, montrant ainsi qu’il garde une marge de progression.

Cette entrevue coïncide avec la visite de trois députés français à Damas, venus fêter la victoire du camp gouvernemental à Alep, au prix de l’extermination de la plus grande partie de la population et la destruction presque totale des quartiers Est. Deux députés du groupe Les Républicains, et le député non inscrit, ex-Modem, Jean Lasalle, que l’on a connu mieux inspiré. Tant que j’y suis à balancer, dénonçons également les chaînes qui ont décroché l’entretien « exclusif » : RTL, France Info et la chaîne Parlementaire. Ces journalistes ont pris la suite de David Pujadas, le premier en 2015 à avoir servi la soupe au tyran. Était-il vraiment nécessaire qu’on lui offre une tribune pour étaler cyniquement sa propagande et sa bonne conscience ? Je ne le pense pas.

Commentaires  

#1 jacotte 86 10-01-2017 14:06
sauf pour traiter l'entretien de façon a faire ressortir la monstruosité de ce dictateur angélique!!l'information on la traite en fonction d'un objectif, celui prévu par les journalistes "collabos" n'était pas de nuire à l'interwiwvé...
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