Un chausseur sachant chausser

Vous avez sans doute oublié ce slogan, ou vous ne l’avez peut-être jamais entendu, car il date de 1932. Nous le devons à un des pionniers de la publicité, alors appelée réclame, Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, pour la marque de chaussures André. L’enseigne, fondée en 1896 par un certain Albert Lévy, est alors en pleine expansion et les magasins André vont prospérer jusque dans les années 1990. Puis, malgré son rachat de la marque Adolphe Lafont, qui fabrique des vêtements de travail, le groupe perd de l’argent. La suite est une longue fuite en avant.

En 2001, André devient Vivarte et se diversifie : il possède notamment les marques Caroll, Chevignon, Kookaï, la Halle, Minelli, Naf Naf, et Pataugas ou San Marina. En tout 24 enseignes et 5 000 magasins, mais au prix de restructurations et d’un endettement très (trop ?) important. À partir de 2004, le groupe va tomber sous la coupe d’un fonds d’investissement et sera revendu au moyen d’une opération financière dite LBO. Ce montage, qui signifie « Leverage buy-out » ou achat à effet de levier en français, consiste à racheter une entreprise en créant une holding qui investira à crédit sans utiliser ses fonds propres et se remboursera sur la bête, c’est-à-dire sur la trésorerie de l’entreprise rachetée. La beauté de la chose, c’est que les investisseurs sont à la fois les dirigeants et les actionnaires dans l’affaire. Inutile de vous dire que leurs intérêts passeront toujours avant ceux des employés qui triment pour eux. À propos d’intérêts, justement, les besoins en trésorerie du groupe Vivarte ont amené le groupe à utiliser du crédit dit « revolving » à des taux prohibitifs, pour rembourser ses dettes, d’où un effet boule de neige qui les amène au bord de la faillite.

Je résume fortement, évidemment, mais les syndicats sont très inquiets de la tournure des évènements, et on les comprend. Vivarte a déjà mis en vente un certain nombre de ses enseignes et l’on peut craindre la cession du navire amiral, la marque André, à plus ou moins brève échéance, malgré le démenti de la direction. Sur les 22 000 salariés que comptait le groupe en 2014, il n’en reste plus que 17 000, à l’issue de divers plans sociaux. Pas moins de 4 PDG en 2 ans et demi se sont succédé, dans le seul but apparent de monnayer ce qui peut encore l’être. Leurs erreurs de positionnement stratégique n’ont fait qu’aggraver la situation dans un marché très concurrentiel et leur mission est clairement de récupérer, avant l’août, le maximum de fonds, intérêts et principal, fut-ce au prix du licenciement massif de toute une filière.

Commentaires  

#1 Candy 08-06-2017 12:03
Merci pour cet article. En effet, Vivarte continue sa promotion et actuellement, je crois qu'ils sont propriétaire des marques de renoms comme Alcentra, Golden Tree et Oaktree. Je continue également de voir ses articles sur des boutiques en lignes comme http://www.ma-chaussure.fr/trouver-une-paire-de-bottes-ou-bottines-pour-la-pluie/ ou encore dans les comparateurs de chaussures en ligne.
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