Pauvre fille à papa !

Comment exister dans les médias quand les primaires se succèdent sur tous les fronts, à l’exception du sien propre, si l’on ose dire, s’agissant du Front national ? Du temps du patriarche aujourd’hui déchu officiellement, la rengaine qui revenait tous les cinq ans, c’était que Jean-Marie Le Pen peinerait à rassembler les 500 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle. Un pronostic démenti à chaque échéance, mais qui permettait d’établir la fiction d’une extrême droite malmenée par on ne sait quel système politico-médiatique.

Les choses étant ce qu’elles sont, et le FN ce que nous savons, comme aurait dit l’ennemi juré de Jean-Marie Le Pen, le général de Gaulle, personne ne croirait plus que l’héritière de la famille Le Pen aura du mal à trouver ses 500 parrainages, tant son implantation au travers des élections locales est devenue, hélas, une réalité. Qu’à cela ne tienne, ce statut de victime est trop précieux pour être abandonné. Le soi-disant complot sera donc destiné à priver le Front national du nerf de la guerre. Les vilaines banques françaises, aux ordres naturellement du pouvoir établi et qui auraient reçu des consignes de la part de l’opposition, bref, la reconstitution de l’UMPS, ne veulent pas prêter d’argent à Marine Le Pen pour lui permettre de mener campagne. C’est bien simple, il manquerait la moitié du budget, soit 6 millions d’euros, pour pouvoir défendre ses chances. Il ne faudra pas s’étonner si elle en est réduite à emprunter à l’étranger, et pourquoi pas à nouveau auprès de banques russes comme en 2014. Quant à l’autre moitié du financement, il provient tout simplement de Papa, sous forme d’un prêt du microparti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec, dont le trésor de guerre se monte lui aussi à 6 millions. Curieusement, les affrontements idéologiques récents entre le père et la fille sont mis de côté. Marine Le Pen, qui juge pourtant que son père profère des insanités à longueur de discours, ne fera pas la fine bouche et ne se bouchera pas le nez pour accepter cet argent.

Cette victimisation financière sera accompagnée d’une victimisation culturelle. Avant même la sortie du film de Lucas Belvaux, « Chez nous », le Front national est vent debout contre cette fiction qui raconte l’implantation d’un parti d’extrême droite dans le nord de la France. Se sentirait-il visé ? Les arguments développés sont pour le moins curieux. Notamment quand le maire FN d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, s’oublie jusqu’à traiter l’actrice Catherine Jacob de « pot à tabac », caricature de Marine Le Pen et prédit en conséquence que le film sera un navet. Voire ! Pour le réalisateur, c’est un coup de pub inespéré, pour le FN, comme d’habitude, cela ne convaincra que les convaincus.