Nid de guêpes

Tout le monde vous le dira, se débarrasser d’un nid de guêpes n’est pas chose aisée, et il est préférable de confier cette tâche à un professionnel si l’on veut éviter d’être la première victime de cette situation embarrassante. La conjoncture en Syrie est d’une telle complexité qu’elle parait aussi inextricable et dangereuse que s’il s’agissait d’éradiquer un nid de ces redoutables insectes. Le plan de paix concocté par Wladimir Poutine avec le soutien de la Turquie et de l’Iran a-t-il des chances d’aboutir ? Rien n’est moins certain.

Les armes se sont tues à Alep, et le cessez-le-feu entre l’armée fidèle au régime soutenu par Moscou et les rebelles semble respecté pour le moment. Mais cet équilibre fragile peut être rompu à tout moment, car il ne laisse que peu d’espoir à l’opposition démocratique qui demande toujours le départ du dictateur. Fort de sa victoire militaire, Poutine ne semble pas prêt à lâcher son allié, qui lui doit tout et sera plus malléable que tout autre successeur. Il est cependant probablement sincère dans la recherche d’un accord, qui permettrait à la Russie ne pas s’enliser dans un conflit long et coûteux, mais à ses conditions. Une paix russe entérinée à Astana par une négociation prévue prochainement assurerait à Poutine la préservation des intérêts de son pays, principalement sa base militaire, et un leadership régional incontesté, très utile pour renforcer sa position intérieure et fortifier sa popularité. Si un tel accord de paix était signé, ce serait probablement la fin pour longtemps des aspirations démocratiques de l’opposition syrienne et le maintien formel au pouvoir de Bachar El-Asad, qui ne pourrait rien refuser au grand frère russe.

La paix sur le terrain ne serait pas acquise pour autant. Les djihadistes ne sont évidemment pas concernés par la cessation des hostilités, et le président turc continue à considérer les Kurdes comme des terroristes, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de la Turquie, et veut donc les combattre jusqu’à la victoire finale. Ajoutons à cela une incertitude majeure en ce qui concerne l’attitude des États-Unis quand Donald Trump aura pris ses fonctions. Le président Obama a reculé devant l’obstacle quand la ligne rouge des armes chimiques, qu’il avait lui-même tracée, a été franchie. Mis au pied du mur, il a clairement opté pour la non-intervention, laissant le champ libre à Poutine, qui en a profité. Officiellement, Donald Trump voudra discuter avec le président russe, mais personne, pas même lui, ne peut prévoir quelle tournure prendront les évènements. Reste que ce sont les Syriens, qui ont déjà payé un lourd tribut dans ce guêpier international, qui risquent de faire encore les frais des arrangements des grandes puissances.