Les trois enveloppes

Dans ce lointain pays, la tradition veut que lors de la passation de pouvoir, le président sortant remette trois enveloppes, numérotées d’un à trois, à son successeur. La consigne est de n’ouvrir la première enveloppe que lorsque la situation du pays l’exigera. Le nouveau président remercie son prédécesseur tout en pensant qu’il n’aura jamais besoin de se servir de cet expédient. Malheureusement, l’état de grâce ne dure pas et bientôt le mécontentement gagne le pays de façon inquiétante. Le président se souvient alors des enveloppes et décide d’ouvrir la première.

Il y lit la phrase suivante : « mettez-moi tout sur le dos ». Pas bête, se dit-il, et en effet, ça marche. Le peuple accepte et comprend que la faute revient à l’ancien régime. Mais bientôt, la révolte gronde à nouveau et le président décide qu’il est temps pour lui de découvrir le deuxième conseil qu’il espère aussi judicieux que le premier. Il ouvre donc l’enveloppe numéro deux et lit : « accusez la conjoncture internationale ». Il le fait d’autant plus volontiers que c’est sa conviction profonde. Il n’a pas eu de chance, la croissance n’était pas au rendez-vous et ce satané chômage n’a pas voulu baisser. Pendant quelque temps, la formule marche plus ou moins, mais à nouveau le peuple s’agite et les sondages baissent. Le président se dit qu’il n’a pas le choix. Il faut jouer son va-tout et il ouvre la troisième enveloppe, en se demandant ce que le vieux sage va encore tirer de son chapeau pour lui permettre de tenir encore un peu et, qui sait, le tirer d’affaire. Et là, il lit cette phrase terrible : « il est temps pour vous de préparer vos trois enveloppes ».

Toute ressemblance avec une situation réelle ne serait évidemment pas due au hasard. La décision de François Hollande de ne pas briguer un second mandat a pris tout le monde de court, moi le premier, dois-je le préciser ? C’est bien la première et probablement la dernière fois qu’il sera approuvé par l’ensemble de la classe politique, toutes tendances partisanes confondues. Si j’avais dû manger mon chapeau chaque fois que les pronostics ont été déjoués ces derniers temps, je crois que j’aurais actuellement une indigestion de couvre-chefs. Depuis le Brexit, l’élection de Trump, la désignation de Fillon, et maintenant le renoncement de Hollande, on ne peut plus être sûr de rien. Au point que tous ceux qui s’attendent à la démission de Manuel Valls pour préparer sa candidature à la présidentielle pourraient en être pour leurs frais. Non, je plaisante.

Commentaires  

#1 jacotte 86 02-12-2016 10:45
ton histoire tombe vraiment à pic, je crois que Hollande la connaissait!!
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