La croix et la bannière

Jésus reviens, Jé-ésus reviens
Jésus reviens parmi les tiens
Du haut de la croix indique-nous le chemin
Toi qui le connais si bien.

Je crois utile de vous rappeler les paroles de ce cantique entonné par Patrick Bouchitey dans « La vie est un long fleuve tranquille » sorti en 1988, afin que vous puissiez vous exercer pour le grand retour de la droite catholique, apostolique et romaine dans les affaires de la fille aînée de l’église.

Si vous aviez encore un doute, le port ostensible d’une « croix arménienne » qui représente « la nature divine du Christ » par Valérie Boyer, porte-parole de François Fillon, devrait le dissiper. Devant la bronca soulevée par ce prosélytisme à peine déguisé, alors qu’elle combat le port du voile qui serait un signe d’allégeance à l’ennemi, elle a consenti à dissimuler cette croix qui ne la quitte jamais lors de ses apparitions télévisées. Valérie Boyer ne fait pas mystère de ses convictions, qui la regardent, mais elle va plus loin en demandant l’an dernier d’inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution. Elle n’a pas hésité non plus à apporter son soutien public à la manif pour tous le 16 octobre 2016. Pour l’occasion, elle arborait une magnifique veste en cuir rose, comme une sorte de bannière montrant sa proximité avec les valeurs traditionnelles de la famille. Au passage, elle leur vendait son candidat, qui partage leur combat. Ils ont su s’en souvenir pour le vote de la primaire.

La cathosphère a le sentiment justifié d’avoir remporté la première manche électorale et ne compte pas en rester là. La prochaine bataille commence aujourd’hui avec la proposition de loi sur l’entrave au droit à l’interruption volontaire de grossesse par l’intermédiaire de sites internet se présentant faussement comme informatifs et visant en réalité à dissuader les femmes d’avorter. Sans grande surprise, la conférence des évêques de France combat ce projet au nom de la liberté d’expression, et ils seront soutenus par le groupe parlementaire Les Républicains. Quand on pense que la loi Veil sur l’IVG remonte au 17 janvier 1975, plus de 40 ans donc, on mesure l’ampleur de la régression sociale qui nous attend avec la prééminence d’un ordre moral moyenâgeux. Rien ne semble pouvoir arrêter cette tendance rétrograde, et je ne serais pas surpris qu’elle tente d’abroger la loi de 1905 instaurant la séparation des églises et de l’état. En 1986, la gauche avait fait une campagne d’affichage pour les élections législatives sur le thème : « au secours, la droite revient ! » Elle avait été exaucée au-delà de ses vœux en encaissant une défaite historique. Je crains qu’il n’en aille de même en 2017.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-12-2016 11:17
arrête de semer la panique…
moi qui suis doublement coupable en tant qu'athée et que responsable d'une IVG, j'ai peur d'être brûlée sur la place publique un jour!
on va se réveiller on ne peut pas laisser faire ça.
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