Haro sur les profs !

Les agressions contre les membres du corps enseignant connaissent un pic inquiétant depuis quelques jours. Voilà déjà longtemps hélas ! que l’école a cessé d’être le sanctuaire qui était censé protéger à la fois les élèves et les professeurs. D’incidents mineurs en incivilités on est passé au stade des violences délibérées, entre jeunes déjà, mais aussi contre les adultes, qui représentent une autorité largement contestée. Pendant un temps, les chefs d’établissement ont conservé un certain prestige leur permettant de désamorcer les conflits avant qu’ils ne prennent trop d’ampleur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

En cinq jours, cinq personnes ont été agressées, dont trois directeurs d’établissement. La proviseure d’un lycée professionnel à Tremblay-en-France, qui tentait de s’interposer devant une manifestation violente d’une cinquantaine d’élèves, a été rouée de coups. C’était déjà le troisième incident après des bagarres entre bandes et l’incendie de deux véhicules devant l’établissement. À Saint-Denis, ce sont le proviseur et son adjointe qui ont été frappés par un élève qu’ils avaient réprimandé pour son retard. À Calais, c’est un professeur qui a fait les frais d’un rappel à l’ordre, avec mâchoire et dents cassées parce qu’il prétendait mettre les élèves au travail. Quant à la professeure de sport de Colomiers, près de Toulouse, son seul tort a été de vouloir empêcher un élève d’emprunter une sortie non autorisée. Résultat : un jour d’incapacité de travail. Enfin, et c’est peut-être le plus emblématique, un instituteur a été frappé dans la rue par deux personnes inconnues alors qu’il rentrait avec sa classe de CE2 d’un cours d’éducation physique, simplement pour avoir réprimandé une fillette qui « faisait le pitre ». L’enseignant en sera quitte avec trois jours d’ITT.

C’est dans ce climat qu’il faut situer les propos du candidat Nicolas Sarkozy sur l’antenne de France Inter mardi dernier. Quand il déclare que les enseignants ne travaillent que 6 mois par an et 18 heures par semaine, il participe à la dévalorisation de la profession. S’il est difficile de lui attribuer la responsabilité directe de ces agressions, on ne peut pas nier que ses déclarations jettent de l’huile sur le feu et contribuent à saper le reste d’autorité que peuvent encore détenir les profs, dont le métier devient de plus en plus difficile. Qu’à cela ne tienne, super Sarko a la solution : diminuer le nombre d’enseignants, comme il avait commencé à le faire pendant son quinquennat et « améliorer » la formation. Là aussi, on l’a vu à l’œuvre : il avait tellement amélioré la formation qu’elle avait totalement disparu. Cette fois, en prime, il voudrait également supprimer les syndicats, à l’origine de tous les maux dont souffre l’éducation. Haro ! vous dis-je.

Commentaires  

#1 jacotte 86 19-10-2016 11:42
on croit avoir tout vu, mais ça s'aggrave de jour en jour... quel autre fondement de la république va-t-on encore contesté!!
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