Héroïques Polonaises

Oui, héroïques Polonaises, qui sont descendues massivement dans la rue pour réclamer le retrait d’un projet de loi qui aggravait encore la pénalisation de l’avortement dans leur pays. Depuis 1993, une timide brèche dans l’interdiction totale de l’interruption volontaire de grossesse dans la très catholique Pologne, permettait l’avortement dans trois cas précis : un risque pour la santé de la mère, le viol ou l’inceste, ou une pathologie grave de l’embryon. C’était encore trop pour la frange la plus réactionnaire de la population, surreprésentée au Parlement et au sommet de l’état, dominé par des conservateurs eurosceptiques.

La mobilisation des féministes, relayée par une grande partie de la population, a finalement fait reculer les tenants d’une interdiction totale de l’IVG. Selon un sondage, 70 % des Polonais soutenaient les manifestantes, mais c’est probablement l’église, omniprésente en Pologne, qui a fait reculer le gouvernement. Les observateurs s’attendent à des concessions du pouvoir envers la hiérarchie catholique en contrepartie de son attitude compréhensive. Cette victoire, toute relative, ne doit pas faire oublier que le combat pour les droits des femmes est loin d’être gagné. Bien que l’Organisation des Nations unies ait reconnu officiellement l’avortement comme un droit humain depuis janvier de cette année, 68 pays continuent de l’interdire, principalement en Afrique et en Amérique du Sud, avec pour conséquence de nombreuses hospitalisations et des décès du fait d’interventions clandestines pratiquées dans de mauvaises conditions.

La situation en Europe est majoritairement plus favorable, mais des menaces sournoises pèsent encore sur ce droit, conquis de haute lutte, comme en France par exemple. Les lobbies « pro life » ne s’enchaînent plus aux portes des hôpitaux pratiquant l’IVG, mais leur propagande insidieuse sévit toujours dans l’opinion. C’est ainsi que l’on a découvert récemment un manuel antiavortement distribué dans des lycées privés, à l’initiative de la fondation Jérôme Lejeune, proche de la manif pour tous. La propagande est complétée par un site internet qui se prétend informatif, et une plateforme téléphonique, qui tentent de dissuader les femmes d’avorter. Rien n’est jamais acquis à l’homme, et encore moins à la femme.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-10-2016 10:56
oui mais rien n'est impossible aux femmes quand leur liberté est menacée!!
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